MDH-PPH et PASS-PAR
MDH-PPH : Modèle
de Développement Humain – Processus de Production du Handicap. PASS-PAR :
Processus d’actualisation Sociale de Soi – Par l’Adapation-Réadapation.
Dans les périodes
de grands changements, à côté de ceux qui initient, formalisent, théorisent de
nouveaux modèles de pensée, il y a toujours d’autres penseurs qui tentent de
maintenir les anciens modèles, en les renouvelant toutefois sur certains
aspects. Quand Galilée établit la théorie de la rotation de la terre, d’autres
scientifiques, comme l’éminent astronome Tycho Brahe, ne cessèrent de produire
des calculs forts compliqués pour justifier de l’ancienne théorie. Le PASS-PAR
est en quelque sorte le Tycho Brahe du MDH-PPH.
Le MDH-PPH est un
modèle caractéristique significatif de changement de conceptions et de
représentations du handicap. Partant de l’expérience des approches sociales du
handicap, Patrick Fougeyrollas et son équipe ont conçu, dans les années 1990,
un modèle, le Processus de Production du Handicap (devenu depuis le MDH-PPH),
modèle écosystémique qui explique les situations vécues par les personnes
handicapées comme le résultat de l’ajustement, ou de l’absence d’ajustement, entre
les caractéristiques de la personne et les caractéristiques de l’environnement.
Le handicap n’est pas dans la personne ; une personne rencontre des
situations de handicap lorsqu’elle ne peut réaliser des habitudes de vie ou des
activités en raison de l’inadaptation de l’environnement à ce qu’elle est. Avec
ce modèle, il n’est plus possible de penser que le handicap se situe dans la
personne, quelle que soit la complexité du fonctionnement de celle-ci, ou dans
la manière dont ses caractéristiques s’expriment. Ce qui définit une situation
de handicap, ou au contraire une situation de participation sociale, c’est la
manière dont les caractéristiques d’une personne s’articulent, s’ajustent,
interagissent avec les caractéristiques de l’environnement. La situation de
handicap n’est pas dans les capacités ou les compétences d’une personne, mais
dans ses habitudes de vie (ses activités courante, ses rôles sociaux).
Ce sont pourtant ces
anciens modèles que l’on retrouve dans le PASS-PAR. Le PASS-PAR, tout en se
revendiquant du MDH-PPH et en en utilisant partiellement le vocabulaire, est en
réalité fondé sur une approche radicalement différente, correspondants aux
modèle antérieurs. La situation de handicap a pour « contraire » non
pas la participation sociale, mais une « situation d’actualisation »
de soi, c’est-à-dire une « mauvaise » réalisation de soi, ce qui
renvoie non à l’interaction avec un environnement mais à la seule
« expression » des caractéristiques individuelles. L’environnement
n’est présent que pour donner des stimuli ou comme lieu d’exercice d’activités,
pas du tout comme « facteur » de production de situations de
handicap.
Les habitudes de
vie, qui dans le MDH-PPH sont déterminées dans le cadre d’une interaction entre
des caractéristiques individuelles et des caractéristiques environnementales,
sont ici définies dans le registre des compétences dont la personne fait
l’apprentissage (c’est d’ailleurs pour cette raison que les activités courantes
et les rôles sociaux sont au même niveau que les capacités/habiletés,
puisqu’elles se développent dans la personne). Trouver un job, aller au collège
ne dépendent pas de l’environnement de travail ou d’école, mais sont définies
comme compétences de la personne, tout comme aller boire une bière avec des
amis, ou aller au cinéma. Si les compétences (ou capacités) soient constitutives
de telles habitudes de vie, celles-ci ne s’y réduisent pas. Autrement dit, ce
qui détermine, dans le PASS-PAR, les situations de handicap rencontrées par des
personnes, c’est essentiellement la constitution et le développement de la
personne, qui vont déterminer la nature des besoins, qu’il conviendra de
satisfaire. Cela ressemble furieusement aux approches bio-médicales, enrichies
d’un volet psycho-social.