Discours inclusifs, pratiques discriminatoires
Je connais une éducatrice spécialisée, titulaire de son
diplôme depuis plusieurs années, qui a effectué sa formation
« normalement » dans un institut de formation de travail social, qui
a eu son diplôme « normalement ». Et pourtant, elle est toujours sans
emploi depuis l’obtention de son diplôme. Ceci expliquant indubitablement cela,
elle est « handicapée » : elle a une déficience motrice
importante, elle se déplace en fauteuil et a des besoins d’aide humaine dans
certaines circonstances.
Etant éducatrice spécialisée, elle s’est adressée, pour trouver un emploi, aux organisations et institutions recrutant de tels professionnels, c’est-à-dire ceux du secteur médico-social, social ou sanitaire. Ces secteurs, faut-il le rappeler, sont chargés, spécifiquement pour certains d’entre eux, d’accompagner des personnes en situation de handicap, comme l’est cette éducatrice spécialisée. Elle n’a essuyé que des refus : « trop compliqué d’embaucher une personne avec un tel handicap » ; « il y a une trop grande restriction d’activités pour cette personne par rapport au travail demandé » ; « les locaux sont inadaptés » ; « comment pourra-t-elle faire avec des handicapés difficiles ? », et autres propos moins soft. Donc, là où des organisations ont pour mission d’intervenir, d’accompagner des personnes en situation de handicap vers l’autonomie, l’autodétermination, l’insertion et la participation sociale et professionnelle, l’une de ces personnes en situation de handicap ne peut pas travailler, n’a pas droit de cité.