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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

dimanche 19 janvier 2025

inclusion et autorégulation

 Inclusion et autorégulation

Les dispositifs d’inclusion ont fait la preuve de leur difficultés, voire de leur échec, à véritablement inclure des élèves handicapés, et surtout à transformer l’institution scolaire en école inclusive. Les AESH, malgré leur bonne volonté et leur savoir d’expérience, leur indispensable présence pour permettre la présence d’enfants dans l’école et dans la classe, malgré aussi des conditions déplorables de travail, sont à la peine pour favoriser les apprentissages des élèves et les rendre autonomes dans leur « métier » d’élève. Le puits sans fond des demandes des affectations des AESH auprès des élèves handicapés se heurte aux refus politico-administratifs, mais aussi au manque de preuves de l’efficacité de l’action pour faciliter les apprentissages. Certes, ces élèves peuvent ainsi être présents dans la classe, mais sans y être vraiment intégrés en raison de la présence proche et permanente de l’AESH ; certes ils peuvent se socialiser quelque peu, mais ils ne sont pas dans de bonnes conditions d’apprentissage. Les AESH évitent en fin de compte au système d’enseignement de s’adapter aux élèves concernés. C’est ce que met en évidence un article de M TOULLEC : l’AESH, aide ou écran à l’inclusion scolaire (revue en ligne Ressources n°22, juin 2020 https://inspe.univ-nantes.fr/revue-ressources)

C’est donc en toute légitimité que des enseignants, des chercheurs et des responsables du ministère se sont penchés sur de nouvelles modalités de développement de l’école inclusive. C’est ainsi qu’on a vu apparaitre, après diverses expérimentations, sous forme de nouveau dispositif (nouvel acronyme, les DAR, dispositif d’autorégulation) dans un texte officiel du 5/9/2024. L’autorégulation y est définie « comme un ensemble de procédures d’ajustement volontaire, par l’apprenant lui-même, de ses conduites, stratégies, comportements et émotions. L’autorégulation fait référence à la capacité de contrôler ses pensées, ses émotions et ses comportements dans différents contextes de la vie quotidienne pour atteindre des objectifs, réguler les réponses aux stimuli de l'environnement et s'adapter aux situations changeantes. » « On définit trois processus distincts dans l’autorégulation : 1) l’auto-observation de son activité, de son comportement par la personne, pour obtenir de l’information sur sa propre manière d’agir, de réfléchir ; 2) l’auto-évaluation. La personne doit pouvoir mesurer l’écart entre sa manière d’agir et ce qui est attendu. Elle évalue sa performance en se fondant sur des normes préétablies ; 3) l’auto-réaction : la personne agit à la suite de l’évaluation de son comportement régi par les normes qu’elle s’est fixées pour trouver un équilibre personnel. »

Il s’agit d’un beau challenge, celui d’ailleurs qu’on retrouve de manière récurrente dans les références du secteur médico-social avec le déploiement du principe d’autodétermination. Ici tous les élèves ont des capacités, et les perspectives d’apprentissage sont légitimement ambitieuses et méritent d’être encouragées. Il y a lieu de prendre garde toutefois, car la mise en place de tels dispositifs, sans moyens comme il est de coutume, peut avoir des effets destructeurs significatifs. Car l’autorégulation, ou l’autodétermination, sont conçus dans la pensée dominante comme des qualités d’essence, de nature, et comme en dehors de tout environnement et des obstacles qui s’y trouvent. La généralisation, à l’école, de l’idéologie de la responsabilité individuelle, du mérite, de l’égalité formelle des chances, irradie aujourd’hui tous les segments du fonctionnement social. Elle fonctionne bien pour ceux qui « réussissent » : ceux-ci n’ont d’ailleurs de cesse d’invoquer le mérite qu’ils ont pour être là où ils sont. Elle fonctionne moins bien pour « ceux qui ne sont rien ». Ceux-ci deviennent responsables de leurs échecs ou de leurs difficultés, sont vilipendés de leurs manques, méprisés par les premiers : le chômeur est un fainéant qui ne cherche pas de travail, le pauvre est un fraudeur en puissance. Une telle idéologie de la responsabilité produit, et continue de produire, des injustices, des inégalités, de l’exclusion, de l’indignité. L’autorégulation à l’école, un nouveau moyen de ségrégation entre ceux qui y parviennent, et les autres ? Et n’oublions pas non plus que ces dispositifs sont une opportunité de réduction à tout prix des coûts du puits sans fond de l’inclusion !

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