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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

mardi 4 mars 2025

dispositifs intégratifs ou inclusifs ?

Dispositifs intégratifs ou inclusifs ?

Les impasses et les obstacles à la scolarisation inclusive des élèves handicapés seraient-ils à la hauteur de la diversification, de l’hétérogénéité et la multiplicité des « dispositifs » censés favoriser l’inclusion scolaire. En l’occurrence, ces dispositifs ont envahi le champ des offres de service et sont plus que jamais à l’ordre du jour. Certains de ces dispositifs sont relativement anciens : les ULIS, dispositifs de l’Education nationale, ont succédé aux CLIS (classes d’intégration scolaire) il y a déjà une quinzaine d’années. Mais il y a aussi de plus en plus de dispositifs de « sortie » ou « d’évitement » des institutions médico-sociales, mis le plus souvent en place dans le cadre d’un partenariat entre l’Education nationale et les organisations médico-sociales : UEE (unité d’enseignement externalisée), UEMA (unité d’enseignement maternelle autisme), UEEA (unité d’enseignement élémentaire autisme), DITEP (dispositif intégré des instituts thérapeutiques éducatifs et pédagogiques), IME hors les murs, IME dans les écoles, inclusion inversée…

Est-ce de l’inclusion ? C’est certainement un désir d’inclusion, à défaut d’être une réalité inclusive. Ces dispositifs ont en commun de dresser une frontière, fut-elle dans une école, entre des enfants considérés comme « ordinaires », c’est-à-dire « normaux », et des enfants considérés et classés comme « spéciaux ». La frontière n’est plus dans l’exclusion de tels enfants hors des murs de l’école, dans des institutions spécialisées dédiées à ces catégories d’enfants, elle est au sein-même de l’espace scolaire et des habitudes de vie de la population scolaire. Ces dispositifs ont la plupart du temps leur espace spécifique, leurs habitudes de vie spécifique (l’enseignement spécialisé), leur relations sociales particulières. De temps en temps, lorsque les professionnels évaluent que cela est possible, avec toutes les appréhensions et les méfiances existantes, un enfant « va en inclusion » (comme s’il allait en cours d’anglais !). Il est dans l’école, mais il y est comme un étranger de passage, risquant d’en être exclu s’il ne se conforme pas à ce qui est attendu de lui.

Certes depuis une vingtaine d’années, la situation a changé. Il y a de moins en moins d’enfants handicapés dans les murs institutionnels. De ce point de vue c’est un progrès. Et peut-être même cette évolution pourra-t-elle déboucher un jour sur des « dispositifs » plus inclusifs. Mais aujourd’hui, il y a un leurre absolu à vouloir les qualifier comme « inclusifs ». Ils font référence, dans leur fonctionnement, davantage à ce qui était défini dans la fin du XXème siècle comme des dispositifs intégratifs. Dans cette pensée intégrative, les personnes devaient faire l’effort de ressembler aux « normaux », devaient surmonter les obstacles dus à leurs déficiences et à leurs incapacités afin de prétendre être avec (et comme) les autres. Avec la conséquence que seuls les enfants les moins handicapés pouvaient y prétendre. Il n’était pas demandé à l’environnement, à l’école de changer son fonctionnement. Dans les dispositifs actuels, c’est encore cette règle qui est de mise : l’élève ne « va en inclusion » que s’il ne dérange pas, que si le fonctionnement habituel de l’école le permet et le tolère.

Il y a donc un leurre, et même un mensonge, à qualifier d’inclusifs les dispositifs actuels. Cela laisse penser que les processus en cours sont achevés, ou que les élèves qui en bénéficient y trouveront l’occasion de se conformer aux normes inchangées en vigueur. Il s’agit pourtant d’un processus d’évolution, qui sort d’une période où une plus grande ségrégation était de mise. Il y aurait plutôt lieu de qualifier cette évolution de transition. Il serait plus honnête de qualifier cette transition d’intégrative plutôt que d’inclusive. En qualifiant aujourd’hui ces évolutions comme inclusives, on prend le risque d’ignorer les nécessaires changements de l’environnement, de négliger l’intervention sur ces changements, de méconnaitre les obstacles environnementaux qui produisent des situations de handicap à l’école, de se satisfaire d’une fausse inclusion qui hiérarchise les possibilités d’appartenance au monde (scolaire) de tous.

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