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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

lundi 17 février 2025

des complications de l'activité

Des complications de l'activité

Les différentes procédures qui ont cours dans le secteur médico-social (et ailleurs), et qui se sont copieusement répandues, s’avèrent de plus en plus « lourdes », compliquées plutôt que complexes, rébarbatives et pénibles : les évaluations des services, les procédures de qualité, les dossiers des usagers, les projets de toute nature, les réponses aux appels d’offre, le reporting d’activités, la formation, les algorithmes des besoins et des prestations, … et tant d’autres activités. Alors que le discours public martèle sa volonté de « simplification », on peut se demander pour  quelles véritables raisons toute l’activité sociale et professionnelle présente une telle complexité, ou plutôt de telles complications. On pourrait lire ces multiples processus et procédures, de plus en plus prégnants dans un environnement discursif d’autonomie et de responsabilité, comme des symptômes d’évolutions qu’il faudrait se garder d’ignorer.

C’est une forme de bureaucratisation, qui remplace la bureaucratie administrative d’antan. L’un de ses objectifs est bien de contrôler l’activité sur le plan politico-administratif. C’est le lieu d’exercice des experts d’un certain langage. Prenons le cas des appels d’offre. Ils obéissent à des catégories de langage expertes, à des procédures averties, à des schémas savants, à des règles contraignantes, à des références partagées (dans des cercles restreints). L’exigence quant aux réponses aux appels d’offre est à la hauteur et à la mesure de ce que les auteurs des appels d’offre seraient eux-mêmes en capacité de répondre, avec le degré de formalisation et de procédures souhaité. Les réponses à l’appel d’offre se doivent de ressembler à la formulation de l’appel d’offres, dans le registre implicite de la rédaction de celui-ci. Car la rédaction n’est pas faite de manière neutre, elle obéit à des paradigmes non explicités. Elle est pensée et formulée selon des critères, des habitudes de pensée, une idéologie quelque peu hégémonique de rédacteurs issus de formations et de parcours éloignés tant des personnes concernées que des acteurs de terrain (grandes écoles, Sciences Po, masters, etc).

Cette « endogamie » professionnelle contribue à façonner des modes de pensée et de relations entre décideurs et exécutants, desquels les personnes concernées et les acteurs professionnels de terrain sont exclus. On trouve des procédures de la même facture aujourd’hui dans l’ensemble des politiques publiques : la santé, le médico-social, les politiques de la ville, l’insertion, les politiques sociales en général. Les projets auxquels il faut répondre, et qui seront à mettre en œuvre, n’émanent ni des populations concernées, ni même plus des acteurs de l’intervention dans le secteur concerné, ceux-ci devenant les exécutants des choix faits ailleurs. Ils émanent d’organismes, de cabinets, d’agences, de services le plus souvent centralisés, ou donnant leurs consignes aux services déconcentrés ou décentralisés, dans lesquels sont conçus, pensés, élaborés et rédigés ces projets et ces appels à projets par des « sachants ».

Les appels d’offre des politiques publiques (et les réponses exigible) sont construits, élaborés, rédigés sur le modèle « top down », de manière verticale. Les bénéficiaires n’ont pas, ou très peu, la parole, au mieux sont-ils des faire-valoir. Ce ne sont pas eux qui décident de (ou même qui contribuent à) l’orientation des politiques publiques ; tout au plus peuvent-ils être sollicités à la marge. Les choix et orientations sont aujourd’hui de plus en plus élaborés par des cabinets de conseil, des agences, dont les préoccupations sont celles des détenteurs de savoirs, de pouvoirs, de ressources économiques, avec un système de pensée partagé par presque l’ensemble des personnes vivant dans ce milieu (ce « champ » dirait Pierre Bourdieu). Ces registres d’action, vont à l’encontre de principes, par ailleurs affirmés et communiqués, de démocratie, de liberté, d’autonomie. Il s’avère qu’ils contribuent plutôt à un déni de démocratie, en séparant les auteurs sachants des opérateurs de terrain et des populations concernées.

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