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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

lundi 31 janvier 2022

"des amis pareillement atteints"

"Des amis pareillement atteints"

Telle fut l’expression d’un responsable d’établissement scolaire (collège) en constatant que des élèves malentendants, scolarisés dans diverses classes de son établissement, avaient tendance, parfois pour certains, souvent pour d’autres, à se retrouver « entre eux » sur les temps de récréation ou sur le temps de restauration : « Mais pourquoi donc recherchent-ils des amis pareillement atteints ? » C’était dans le période de l’intégration scolaire, et derrière son questionnement, il y avait la question de savoir quand même si en définitive ils ne seraient pas mieux dans une scolarisation spécialisée, avec « leurs amis pareillement atteints ». Par ailleurs cela l’interrogeait sur la réussite de l’intégration, leur rapprochement lui apparaissant comme un échec de la norme intégrative. Lui serait-il venu à l’idée d’utiliser la même formulation lorsque des élèves entendants choisissaient leurs amis (entendants) sur la cour ou à la table de la cantine, lorsque des filles choisissaient des filles comme camarades de table à la restauration ? Non bien évidemment !

lundi 24 janvier 2022

UEE : accessibilité ou enclave du système éducatif

UEE : accessibilité ou enclave du système éducatif

Les Unités d’Enseignement Externalisées (UEE) formalisées réglementairement en 2016, sont les dispositif de scolarisation initialement situés à l’intérieur des IME et autres établissements spécialisés, et désormais situés, en fonction de certains objectifs et sous certaines conditions, au sein des établissements scolaires. Une forte pression s’exerce, dans le secteur médico-social et dans l’Education nationale (mais il faut rappeler toutefois que l’Education nationale n’était pas signataire du cahier des charges des UEE), pour faire croître le nombre d’UEE, comme attestation et témoignage de l’avancée de l’inclusion scolaire dans le système éducatif et de la désinstitutionnalisation voulue par les politiques publiques. Mais les UEE répondent-elles vraiment à ces caractéristiques d’accessibilité du système éducatif, ou sont-elles, comme en fait l’hypothèse Hugo DUPONT dans son ouvrage Déségrégation et accompagnement total (PUG, 2021), des enclaves spécialisées médicosociales au sein du système éducatif ?

lundi 17 janvier 2022

éducation des jeunes sourds : encore et toujours dans un modèle oraliste ?

Education des jeunes sourds : encore et toujours dans un modèle oraliste ?

non publié

Le Conseil scientifique de l’Education nationale a publié, en juin 2021, un « Etat des lieux et recommandations » sur « La scolarisation des élèves sourds et malentendants » (en ligne[1]). Si un certain nombre de constats et recommandations pouvaient être attendus, tant la scolarisation des jeunes sourds est aujourd’hui insatisfaisante (diagnostics, structures de scolarisation, orientations publiques, formations, etc.), l’approche globale des observations, de l’analyse et des recommandations ne manque pas de surprendre.

Un choix validiste de définition du bilinguisme

En premier lieu, le bilinguisme qui est évoqué tout au long du rapport n’est pas n’importe quel bilinguisme. C’est un bilinguisme associant la langue des signes française (LSF)[2] à la langue orale parlée, celle-ci de préférence sous une double modalité, vocale (audition) et visuelle (codée manuellement par l’intermédiaire de la langue française parlée codée, la LfPC,). Le choix de la définition effectué par les auteur·e·s, qui n’est pas neutre, est simplement, incidemment, indiqué dans une note en bas de pages : «  A noter que le « Parcours bilingue » de l’éducation nationale consiste à utiliser la LSF comme moyen de communication et le français ECRIT comme approche de la langue française. Cette approche est différente de celle que nous préconisons sous le nom « bilinguisme bimodal » qui correspond à l’acquisition précoce de deux langues premières (Langue Française Parlée accompagnée de LfPC et Langue des Signes Française) pour tous les enfants sourds. »[3]. La réglementation française en la matière est certes respectée à la lettre. En effet, les choix possibles en France sont indiqués entre d’une part le monolinguisme avec la langue française orale (ici préconisée avec la LfPC) et d’autre part le bilinguisme (LSF et français, sans que ce dernier soit précisé). C’est bien ce second terme du choix qui est « nuancé » et remis en question.

lundi 10 janvier 2022

le handicap est-il encore une maladie ?

Le handicap est-il encore une maladie ?

Il fut une époque, au XIXe siècle, où le féminisme était considéré comme une maladie : le fait de revendiquer des droits, ou l’égalité avec les hommes, était considéré comme la manifestation d’un trouble psychique. La drapétomanie, autour des années 1850 aux Etats-Unis, était une prétendue « maladie mentale pour expliquer l’évasion des esclaves vers le Nord des Etats-Unis » (Wikipedia) et leur irrépressible désir de liberté. L’homosexualité fut considérée comme une maladie (une perversion) jusqu’à la fin du XXe siècle. L’esclavage a été aboli, les femmes ont gagné en émancipation. Pour autant, le racisme, le déni du féminisme, l’homophobie n’ont pas disparu. Si les états ou les conditions considérées ne sont plus des maladies, ils restent pour un certain nombre de personnes, et comme arrière-fond culturel, des substrats d’infériorité, des essences d’inégalités, et même encore parfois des « tares » morales.

lundi 3 janvier 2022

quand la santé régit l'inclusion scolaire

Quand la santé régit l'inclusion scolaire

La Haute Autorité de Santé (HAS) a publié en septembre 2021 une recommandation de bonnes pratiques : Accompagner la scolarité et contribuer à l’inclusion scolaire. On aurait pu s’attendre à ce que des bonnes pratiques concernant la scolarisation d’enfants, fussent-ils handicapés, était du ressort des institutions chargées de l’éducation dans le pays. On peut donc s’étonner que ce soit un organisme de santé qui soit à l’origine d’une telle recommandation. En Europe et dans la plupart des pays, ce sont des organismes d’éducation qui donnent de telles orientations quant aux politiques éducatives, qu’il s’agisse d’enfants « normaux » ou d’enfants « différents », dont ceux en situation de handicap. Même si par prudence, la HAS priorise ses destinataires dans le secteur médico-social, dans lequel le ministère de le Santé est souverain, il est évident à la lecture du document et de son argumentaire, qu’il s’agit bien d’orientations éducatives, et de choix de politiques éducatives. Ainsi, d’une certaine manière, par le biais de l’accompagnement à la scolarisation des élèves handicapés, les politiques éducatives sont-elles régies par une approche sanitaire ou de santé.