Le trompe-l'oeil de l'expertise en déficience
Faut-il connaitre la déficience dont est affectée une
personne pour établir avec elle une relation personnelle ou
professionnelle ? Faut-il avoir une connaissance experte, technique, médicale
ou scientifique, de ce qu’est la déficience auditive pour communiquer avec une
personne qui a une déficience auditive, ou vivre avec elle ? Faut-il avoir
une connaissance scientifique de la trisomie 21 pour élever et éduquer un
enfant qui naît avec cette anomalie chromosomique ?
Pragmatiquement, on serait tenté de répondre par la
négative, et l’expérience des personnes qui sont dans la situation de vivre
avec quelqu’un qui a une déficience pourrait attester que ce n’est pas le cas,
et que ce n’est pas la connaissance de la déficience qui permet de vivre de
manière satisfaisante avec elle. Bien évidemment, il est nécessaire d’avoir
quelques connaissances, moins d’ailleurs sur la déficience elle-même, que sur
l’aménagement relationnel : ne pas exiger l’impossible dans le rythme de
développement d’un enfant qui a une trisomie 21, être attentif aux modalités
matérielles de communication avec un enfant qui a une déficience auditive, etc.