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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

mardi 3 janvier 2023

situations de participation et de handicap : une illustration

Situations de participation et de handicap : une illustration

Charline est née le 10 octobre 2017. Ses parents, Ludovic et Christine sont sourds. Ludovic a eu une éducation oraliste jusqu’à la classe de 6ième, puis une éducation bilingue (avec la langue des signes). Il a obtenu un bac professionnel en menuiserie ébénisterie, et il travaille dans une petite entreprise du secteur. Christine, issue de parents sourds, a eu une éducation bilingue dès l’école maternelle. Elle a obtenu un bac technologique en sciences médico-sociales, puis un DUT. Elle travaille dans une entreprise de bio-technologie. Charline est née sourde : ce ne fut pas du tout une inquiétude pour les parents, qui avaient longuement discuté du sujet avant sa naissance. A la maison, l’unique modalité de communication entre les parents, et désormais avec leur fille, est la langue des signes. Les parents s’efforcent, comme tous les parents, de communiquer au mieux avec leur fille à tous les moments de la vie du bébé : le biberon, le change, la mise au lit, le réveil, les jeux…Charline se développe normalement, et produit ses premiers mots en langue des signes à l’âge ou d’autres enfants articulent leurs premiers sons langagiers. Progressivement, Charline dit des mots, puis des phrases de deux mots, puis trois mots, tout cela en langue des signes. Son vocabulaire s’élargit.

La famille préfère aller rendre visite aux grands-parents maternels, car la communication y est plus facile : toute le monde, y compris Charline, est en mesure de participer aux conversations. Lorsqu’ils vont dans la famille de Ludovic, c’est plus difficile : la communication avec Ludovic et Christine, et avec Charline, est plus réduite (les parents de Ludovic n’ont jamais vraiment appris la langue des signes). D’autant que la grand-mère de Charline aurait tendance à exiger de la petite fille quelques émissions orales. Charline commence à ne plus vouloir y aller. Ludovic et Christine reçoivent beaucoup d’amis sourds (plusieurs couples avec des enfants sourds ou non). Les enfants communiquent entre eux en langue des signes.

A l’issue d’un congé maternité prolongé de sa mère, Charline est confiée à une assistante maternelle. Coup de chance (pas tout à fait !), l’assistante maternelle a des parents sourds, et une certaine maitrise de la langue des signes. La communication avec les deux autres enfants gardés par l’assistante maternelle se fait à la fois sur le mode oral (mais là Charline décroche) et sur le mode gestuel.

L’entrée à l’école maternelle en septembre 2020 est davantage problématique. La famille a fait un dossier auprès de la MDPH pour la reconnaissance du handicap, et sollicite une AESH (signante) pour accompagner Charline à l’école : 12 heures par semaine, soit les 4 matinées à l’école, les après-midi Charline allant chez l’assistante maternelle. L’éducation nationale fournit 6 heures d’AESH, et nomme une personne ne connaissant pas la langue des signes. Celle-ci, pleine de bonne volonté apprend par elle-même quelques rudiments de LS, et la communication avec Charline s’améliore. Mais quand il s’agit de traduire les consignes, il y a beaucoup de lacunes. En l’absence de l’AESH, 2 matinées par semaine, Charline se débrouille toute seule. Comme c’est une petite fille très sociable, elle a des relations avec d’autres enfants, et n’est pas seule, mais elle s’ennuie quand même en classe. L’année suivante, en moyenne section, elle est scolarisée à temps plein, mais n’a que 9 heures d’AESH (la même personne que l’année précédente, qui a entretemps eu une formation plus consistante en LS). Sur les 9 heures, la communication est bonne, et Charline en tire bénéfice. Mais pour le reste, Charline est de plus en plus perdue dans les repères et les consignes, malgré les efforts d’adaptation de l’enseignante. Elle commence à se plaindre de ne pas pouvoir « discuter » avec des copines, comme elle discute avec des copines à la maison.

Question : où sont les situations de handicap ? Quelles sont les situations de participation sociale ? Quelles en sont les causes ?

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