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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

mercredi 3 juin 2020

inclusion et niveaux de changements

Inclusion et niveaux de changements

Pourquoi assiste-t-on à ce discours paradoxal qui présente d’un côté des avancées indiscutables vers une société inclusive, quand ce ne sont pas des affirmations selon lesquelles divers dispositifs ou mesures témoignent d’une inclusion déjà réalisée, et de l’autre côté des insatisfactions récurrentes et ne décroissant pas sur l’incomplétude des mesures et sur des réalités d’exclusions plutôt que d’inclusion, qui s’inscrivent dans des évolutions sociétales parfois à rebours de l’inclusion ?

Le champ social (et médico-social) s’est construit dans une certaine autonomie et dans une certaine distance par rapport au champ économique et politique, sur lequel il ne prétendait pas intervenir. Le champ économique pouvait imposer ses lois, le champ social s’inscrivait au mieux dans la gestion de certains de ses effets (vulnérabilité, exclusion) mais nullement dans la remise en cause des fonctionnements du champ économique.

Lorsqu’il s’agissait simplement de réadapter les personnes à l’emploi, à la vie normale, à quelques fonctions dont la société pouvait tirer bénéfice (lutter contre la mendicité, réinsérer en emploi, maintenir la cohésion sociale), cette autonomie du champ social à destination des personnes vulnérables et handicapées pouvait s’exercer sans trop de difficultés. Les lois économiques étant ce qu’elles sont, le champ social ne pouvait qu’être un outil permettant à des personnes de se conformer au mieux à ses normes, en proscrivant toute intervention susceptible de faire évoluer le champ économique.

Dès lors que le regard politique et sociétal a changé sur les situations des personnes en situation de handicap, le rapport entre le travail social (et médico-social) et la société (le politique, l’économique, le social) est amené à évoluer également. La définition du travail social (Code de l’Action Sociale et des Famille, D142-1) donne une perspective à ces évolutions : le travail social « vise à permettre l’accès des personnes à l’ensemble des droits fondamentaux, à faciliter leur inclusion sociale et à exercer une pleine citoyenneté. Dans un but d’émancipation, d’accès à l’autonomie, de protection et de participation des personnes, le travail social contribue à promouvoir, par des approches individuelles et collectives, le changement social, le développement social et la cohésion de la société ».

La reconnaissance de la légitimité des aspirations des personnes en situation de handicap, de leurs possibilités de choix, de l’accès aux droits fondamentaux, de l’exercice de leurs rôles sociaux valorisés, de leur pouvoir d’agir, de la citoyenneté et de la participation sociale pleines et entières, ne peut se faire dans des ensembles sociaux qui ont une expérience de fonctionnement qui ne fait pas référence à ces principes de reconnaissance. Pour qu’il y soit fait référence, ces ensembles sociaux doivent par conséquent radicalement se modifier : il a été assez dit que l’école par exemple doit modifier ses pratiques pour devenir inclusive.


Mais cette situation est également vraie pour le champ économique : les normes de rentabilité, d’efficacité, d’efficience, de libre concurrence, d’extrême contrainte dans le travail, etc., sont en contradiction avec une éthique qui affirme que toute personne en situation de handicap a droit à la solidarité de l’ensemble de la collectivité nationale et à la compensation des conséquences de son handicap. L’égal accès aux droits ne peut se réaliser dans des ensembles inégalitaires : les normes dictées par les lois économiques, aujourd’hui extrêmement inégalitaires, sont en contradiction avec les intentions inclusives. Lorsque l’économie dicte sa loi, on le voit dans nombre de dispositifs, les services aux usagers, les droits fondamentaux (à la nourriture, à un logement, à un travail, à des ressources, etc.) se dégradent, non seulement pour les personnes en situation de handicap, mais pour tous. C’est donc bien sur l’environnement, y compris économique, qu’il faut intervenir pour voir se développer une société inclusive.

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