Les raisons de l'inclusion
Lorsque l’on débat de l’inclusion, scolaire ou sociale,
nombreuses sont les raisons invoquées par les personnes qui y sont favorables,
ou qui militent pour cette perspective. Parmi toutes ces raisons, il en est une
qui est récurrente, et qui même, pour certains penseurs et acteurs d’une
philosophie inclusive, émerge comme raison essentielle et principale : la
présence des personnes handicapées dans la société nous enrichit, enrichit la
société, de leurs diversités, de leurs différences, etc.
L’éthique de conviction de l’enrichissement sociétal par les
diversités mérite peut-être d’être abondée par un autre aspect d’une éthique de
conviction, celle des droits. A propos d’une autre catégorie de personnes qui
peine à accéder à l’égalité et à la présence visible, dans le monde politique
dans ce cas, Réjane Sénac indique : « Cesser de justifier l’inclusion
des femmes en politique au nom de la plus-value de la mixité est essentiel pour
ne pas moderniser le sexisme sous des apparences bienveillantes »
(Sciences Humaine, avril 2017). Le risque peut être aussi, si l’on file
l’analogie, de moderniser l’exclusion des personnes handicapées sous des
apparences bienveillantes, en s’appuyant principalement sur cette plus-value de
la diversité des personnes.
La référence au droit me semble être d’une autre nature. De
la déclaration des droits de l’homme de la révolution française à la convention
des Nations unies sur les droits des personnes handicapées, ce qui émerge
progressivement, c’est la notion des droits de chacun des individus, quelles
que soient ses caractéristiques (de couleur de peau, de sexe, de religion, de
caractéristiques physiques ou mentales, etc.). Dès lors qu’elle est un humain,
qu’elle enrichisse ou pas l’humanité, une personne a des droits, et les mêmes
droits que les autres humains.
Il s’agit certes d’un principe éthique, d’une valeur
(universelle) qui donne lieu à une multiplicité d’interprétations. Mais il
permet de sortir d’un regard encore sous le poids de l’histoire, qui envisage
les personnes handicapées dans une différence infériorisante, fussent-elles
enrichissantes comme objet d’une charité salvatrice, comme objet d’une volonté de normalisation ou
comme illustration de la diversité humaine. Et la reconnaissance d’un droit
absolu à avoir les mêmes droits que tous n’empêche pas de voir les personnes en
situation de handicap comme « autrement capables » (Eric Plaisance).
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