Si le ministre disait ...
Si le ministre déclarait aujourd’hui que la demande
d’inclusion à l’école pour les élèves en situation de handicap était excessive,
qu’il vaudrait mieux en ralentir le rythme, et qu’il serait pertinent de
développer des moyens spécialisés dans des structures spécialisées, il est
vraisemblable qu’il donnerait satisfaction à de nombreux professionnels et
organisations qui œuvrent dans le champ de l’éducation des enfants en situation
de handicap.
Il satisferait certains responsables d’établissement
scolaires et des cadres du système éducatif (inspecteurs) qui ne savent pas
comment faire pour concilier cet accueil qu’ils estiment pourtant
incontournable avec des moyens toujours insuffisants pour mettre en œuvre cet
accueil dans des conditions satisfaisantes (concernant la formation des
personnels, les tailles des classes, les moyens spécifiques).
Il satisferait certaines familles d’enfants non handicapés qui
considèrent encore qu’un enfant handicapé ralentit le rythme de la classe et
qui préfèreraient pour leurs enfants une confortable scolarisation
« entre-soi ».
Il satisferait aussi nombre de professionnels des
institutions et services du secteur médico-social, qui considèrent qu’une
scolarisation inclusive des enfants handicapés, qu’ils ont toujours connue ou
pensée en tant qu’éducation et soins dans les murs de l’institution, présente
un risque, voire un danger, pour le développement ou le bien-être de ces
enfants, qui ne pourraient trouver protection et conditions satisfaisantes de
vie que dans un environnement séparé.
Il satisferait aussi certains responsables d’établissements,
dont les institutions se sont fondées et fonctionnent sur des prestations de
services complets (pédagogiques, éducatifs et thérapeutiques) répondant à ce
qu’ils estiment comme besoins pérennes des enfants qui font vivre leur
institution.
Peut-être encore satisferait-il d’autres professionnels,
d’autres institutions, d’autres acteurs. Il est normal qu’une révolution comme
la perspective d’une société inclusive et d’une école inclusive pour des
populations qui rencontrent des situations de handicap déclenche des
résistances dans les représentations, les actions et les modalités de réponses.
Cela ne fait en définitive que mettre en évidence l’écart important et
persistant entre les approches conceptuelles reconnaissant aujourd’hui les
droits des personnes handicapées et les principes universels des droits humains
et les anciennes représentations, parfois profondément ancrées, qui ont fait
fonctionner le monde d’avant et qui guident toujours les réponses de nombre de
personnes. Cela met en évidence aussi que travailler au développement de
l’inclusion est un « sport de combat ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire