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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

mercredi 20 mai 2020

Inclusion : tout va bien ! Vraiment ?

Inclusion : tout va bien ! Vraiment ? (ce que nous apprend le déconfinement)


Lors de la préparation du déconfinement et dans ses premiers jours, quand des enseignants ont été contraints de ne pas pouvoir reprendre l’école, quand des enfants handicapés n’ont pas pu être rescolarisés, une grande partie des politiques et des médias s’est empressée de lyncher leurs boucs émissaires, les professionnels, qui feraient là la preuve de leur mauvaise volonté, de leur rigidité mentale, voire de leur fainéantise. De cette façon, les politiques inclusives restent valides, mais elles seraient malheureusement contrariées par de mauvaises volontés. Ce lynchage n’étonne même plus, tant le discours dominant de ces politiques et de ces médias présentent des réalités aseptisées, réussies, sans difficultés. A la TV, les réponses à la pandémie (disponibilité du matériel, organisation des soins, régulations) se sont bien déroulées à tel point que le président de la République a même affirmé qu’il n’y avait pas eu de rupture d’approvisionnement de masques ; le déconfinement (retour à l’école, retour au travail, transports) se passe bien ; l’inclusion des enfants handicapé lors du déconfinement se passe bien, etc. Sauf que…

Sauf qu’une autre partie de la presse, d’autres politiques (mais, nous disent les premiers, il s’agit d’opposants systématiques, ainsi disqualifiés) et les réseaux sociaux (dans lesquels s’expriment des parents se confrontent à des refus) fourmillent de contre-exemples, qui démontrent largement que cela ne se passe pas si bien que cela. Si des enfants handicapés ne peuvent pas retourner à l’école, ce n’est pas par mauvaises volontés individuelles. Bien sûr, comme dans toute catégorie professionnelle, il y a des « moutons noirs » qui, par principe ou par valeur, refusent d’inclure certains enfants, dont ceux qui sont handicapés (ce sont ces quelques enseignants qui regrettent d’avoir dans leur classe toutes sortes d’élèves qui « n’y ont pas leur place »). Mais si la rentrée des élèves handicapés a été difficile, que certains ont été refusés, c’est bien en raison des manques criants et de l’oubli systématique de cette catégorie de population.

Le protocole sanitaire de reprise de l’école rédigé par le ministère de l’éducation nationale comportait une cinquantaine de pages, mais en oubliant les élèves en situation de handicap. La promesse, tardive, d’une mise en place qui s’est fait attendre d’un protocole sanitaire de la part du secrétariat d’Etat aux personnes handicapées a tenté de rattraper le coup, révélant de ce fait l’absence de préoccupation de l’inclusion de l’administration de l’éducation nationale. Si les 50 pages de mesures de retour à l’école concernaient tous les élèves, rien n’était prévu spécifiquement pour faciliter ou même garantir la rescolarisation des élèves handicapés. (dispositions matérielles, accompagnements, aménagements). Les AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap) ont été complètement oubliés dans tous les discours, plans et mesures prises, alors qu’ils sont extrêmement présents et indispensables à la scolarisation de nombreux élèves handicapés. Ils ont même été utilisés parfois pour des tâches d’organisation générale de l’établissement scolaire, au détriment de leurs accompagnements.

Des enfants en situation de handicap ont été refoulés de l’école. Le gouvernement a jugé cette « discrimination inadmissible ». Avec raison. Mais il est tout aussi inadmissible de n’avoir rien prévu pour enlever les obstacles à cette discrimination. Le pouvoir politique déclare prioritaire la scolarisation des élèves en situation de handicap dans le cadre d’une école de la confiance, inclusive. Les actes manqués récurrents de l’impréparation et de l’absence de préoccupation de cette perspective dans un moment de crise témoignent de l’écart entre un discours bienséant d’un « tout va bien » inclusif et les réalités concrètes et organisationnelles d’une inclusion qui fait toujours ségrégation. En accusant des professionnels, qui n’y peuvent mais, de faillir à l’objectif fixé de l’inclusion, le pouvoir politique se défausse de ses responsabilités et ne fait que renforcer son hypocrisie inclusive.

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