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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

lundi 6 janvier 2020

L'inclusion comme avatar

L'inclusion comme avatar


Se mettent aujourd’hui en place des dispositifs qui se font labelliser « dispositifs inclusifs », et ceci au nom de l’inclusion. La création d’une classe spéciale pour de jeunes autistes, une nouvelle Unité localisée pour l’inclusion scolaire (ULIS), un dispositif d’externalisation d’une unité d’enseignement (UEE) sont médiatisés par la presse, par la communication gouvernementale ou par des associations comme étant autant de dispositifs témoignant d’une inclusion en cours, voire d’une inclusion déjà là, d’un processus irréversible d’inclusion ou encore d’une école devenue inclusive.

En regardant ces évolutions avec la plus grande objectivité, il ne fait pas de doutes que de tels dispositifs améliorent les conditions de scolarisation (voire la scolarisation tout court) d’un certain nombre d’élèves. La classe spéciale pour élèves autistes accueille, avec des moyens parfois importants, des enfants qui, sans elle, seraient à la charge totale de leurs parents, non scolarisés ou scolarisés a minima quelques petites heures avec accompagnement dans leur école. L’ULIS accueille des élèves qui ne tirent plus aucun profit de leurs conditions de scolarisation et qui peuvent même être en souffrance dans leur classe. Les élèves d’une UEE gagnent de sortir de leur entre-soi institutionnel et d’être en mesure d’avoir une socialisation scolaire ou collégienne. De ce point de vue on ne peut que se féliciter de telles évolutions.

Mais s’agit-il pour autant d’inclusion ? La mise en place de tels dispositifs est-elle la marque d’une école inclusive ? En quoi accueillir dans un local, même si celui-ci est en plein milieu du couloir des classes, un groupe d’autistes (avec parfois des horaires décalés de récréation pour que les autres élèves ne soient pas perturbés) relève-t-il d’une philosophie inclusive ? Les autres élèves, les enseignants, se familiariseront certes, plus ou moins, avec ces élèves, mais comme une catégorie à part, comme totalement autres, au pire comme des bêtes curieuses infréquentables. La présence d’une ULIS ou d’une UEE est-elle le signe d’un système scolaire où tous les élèves doivent être accueillis sans distinction et surtout sans discrimination ? Les dispositifs en question relèguent de fait ces élèves dans des dispositifs spéciaux.

Que la mise en place de tels dispositifs, en remplacement de rien ou de quelque chose de moins favorable, soit une bonne chose, on ne peut qu’en convenir. Mais il ne s’agit pas d’inclusion, et encore moins la manifestation que l’école devient ou est inclusive. Une école inclusive est une école qui s’adapte aux nouveaux élèves qui y arrivent, parce que ces élèves requièrent une adaptation (accessibilité) comme condition nécessaire pour pouvoir participer et tirer profit de cette école. Or, dans les différents dispositifs cités, nul besoin pour l’école de s’adapter ; la seule exigence pour que ces dispositifs existent, c’est une certaine tolérance (ce qui n’est déjà pas si mal !) à la présence d’« étrangers » dans l’établissement scolaire. Il ne s’agit donc pas d’inclusion, mais d’un avatar de l’inclusion, c’est-à-dire d’une « fausse incarnation » de l’inclusion.

Les dispositifs en question relèvent en définitive plutôt d’une approche de l’intégration, non pas sur le plan individuel comme cela a été le cas dans la période du paradigme intégratif de l’école (un enfant en situation de handicap rejoignant les parcours ordinaires lorsqu’il en avait les possibilités et les capacités) ; mais sur un plan collectif : un dispositif « spécial » est placé dans un établissement ordinaire à condition qu’il ait les capacités de s’intégrer dans cet établissement et que celui-ci soit tolérant envers ce dispositif. Mais rien dans ceci n’engage à une transformation de l’école qui serait le signe que celle-ci commence à devenir inclusive.

Il y a par conséquent une forme de manipulation, de mensonge même, à faire passer l’avatar pour le réel, l’intégration pour l’inclusion, et la persistance d’une certaine forme de ségrégation pour une école inclusive.

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