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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

vendredi 10 janvier 2020

Lecture : Liberté égalité autonomie

Liberté égalité autonomie - Handicap : en finir avec l'exclusion

de Pascal JACOB (Dunod, 2018)

Voici un plaidoyer pour l’autonomie, la plus petite soit-elle, des personnes en situation de handicap. L’autonomie, c’est la condition indispensable et incontournable de l’humanité de chacun. Elle ne se confond pas à l’indépendance, même si elle s’oppose à la dépendance. L’autonomie commence par la prise de parole des personnes concernées, et c’est ce par quoi commence l’ouvrage : des témoignages, assez longs, de la lutte pour l’autonomie qu’ont dû mener plusieurs personnes en situation de handicap. Dans ces témoignages, ainsi d’ailleurs que dans l’ensemble du livre, nombre d’institutions, le système de « prise en charge », les habitudes professionnelles, sont pointés comme facteurs de dépendance et d’obstacles à l’autonomie. 

Ainsi en témoignent deux personnes en situation de handicap : « Dans les centres, on t’incite à vouloir ce que les professionnels souhaitent faire » ; « D’un côté, il y a les déclencheurs d’autonomie, de l’autre côté, les experts qui par leur pouvoir deviennent les plus grands obstacles de l’autonomie, pour des prétextes d’organisation, de protection, de surmédicalisation, de sécurité… »

Ecoutons aussi ce que dit, postule, affirme et propose P. Jacob, dans le domaine des habitudes de pensée, de représentations et de relations avec elles, pour favoriser en permanence l’autonomie des personnes en situation de handicap : « Trop souvent, on impose à la personne en situation de handicap ce qui est considéré par d’autres comme possible ou disponible. » (p.63) ; « Tout faire pour que chacun soit pleinement reconnu dans sa personnalité tout autant que dans son rôle social, là où depuis trop d’années des processus de disqualification sociale ont assigné à des personnes un rôle de mineur à vie et ont contribué à fragiliser leur confiance en eux. » (p.73) ; « Il faut pour cela abandonner les réflexes selon lesquels les personnes en situation de handicap ont besoin des professionnels, il s’agit de prendre un peu de recul afin de laisser la personne découvrir et puiser dans ses ressources personnelles… Les discours verticaux des experts et des professionnels du handicap ne peuvent assurer le bon fonctionnement d’une structure, d’un service ou d’un groupe. » (p.76).

Ou encore : « Trop d’aide peut devenir source de dépendance plus grande. L’enjeu de l’école de l’autonomie c’est de comprendre que rendre dépendant c’est faire obstacle à tous les progrès aussi petits soient-ils en décidant à la place, en faisant à la place, en ne proposant pas de choix, en demandant en quelque sorte d’obéir. » (p.101) ; « Sortir de la logique de la place, c’est comprendre que les personnes handicapées n’ont pas pour premier besoin d’avoir une place en établissement pour exister ou vivre dans la société. » (p.168) ; « Nous devons imaginer dans un futur proche, que l’offre actuelle de services médico-sociaux se transforme dans des lieux très ponctuels de soins, de diagnostic, d’élaboration de plan d’aide, de projet individualisé, de développement de compétence sociales, etc. Il s’agira donc moins d’orienter les personnes vers des places, que de bâtir une vraie réponse accompagnée pour tous et non plus réservée aux « situations critiques et complexes ». (p.169)

Extraits de la présentation :
Le « pays des droits de l’homme et de la protection sociale », la France, n’a toujours pas compris le sens, ni réellement mis en œuvre, une véritable politique d’inclusion des personnes en situation de handicap. On ne pense le handicap qu’en termes de compensation et d’allocation. La situation de dépendance induite par le handicap est évidemment un obstacle sur le chemin de l’autonomie. Toutefois la quête d’autonomie ne consiste pas à vouloir tout faire tout seul (ce que personne ne peut raisonnablement prétendre). Il s’agit de rechercher une participation la plus libre possible à la vie du monde, au corps social. La prise en charge institutionnelle actuelle ne suffit pas et conduit au final à une occultation sociale du handicap. L’auteur en appelle à une nécessaire révolution des mentalités et formule des propositions concrètes pour y parvenir : création de « déclencheurs d’autonomie », de « maisons de l’accompagnement », de « médecin clinicien référent », d’« architecte domoticien », etc.

Une lecture qui met en avant les priorités dont on a à se préoccuper, tant la société que les professionnels, pour que les personnes en situation de handicap voient leurs droits respectés et leur autonomie maximale garantie.

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