Liberté égalité autonomie - Handicap : en finir avec l'exclusion
de Pascal JACOB (Dunod, 2018)
Voici un plaidoyer pour l’autonomie, la plus petite soit-elle, des
personnes en situation de handicap. L’autonomie, c’est la condition indispensable
et incontournable de l’humanité de chacun. Elle ne se confond pas à
l’indépendance, même si elle s’oppose à la dépendance. L’autonomie commence par
la prise de parole des personnes concernées, et c’est ce par quoi commence
l’ouvrage : des témoignages, assez longs, de la lutte pour l’autonomie
qu’ont dû mener plusieurs personnes en situation de handicap. Dans ces
témoignages, ainsi d’ailleurs que dans l’ensemble du livre, nombre
d’institutions, le système de « prise en charge », les habitudes professionnelles,
sont pointés comme facteurs de dépendance et d’obstacles à l’autonomie.
Ainsi en témoignent deux personnes en situation de
handicap : « Dans les centres, on t’incite à vouloir ce que les
professionnels souhaitent faire » ; « D’un côté, il y a les
déclencheurs d’autonomie, de l’autre côté, les experts qui par leur pouvoir
deviennent les plus grands obstacles de l’autonomie, pour des prétextes
d’organisation, de protection, de surmédicalisation, de sécurité… »
Ecoutons aussi ce que dit, postule, affirme et propose P. Jacob, dans le domaine des habitudes de pensée, de représentations et de
relations avec elles, pour favoriser en permanence l’autonomie des personnes en
situation de handicap : « Trop souvent, on impose à la personne en
situation de handicap ce qui est considéré par d’autres comme possible ou
disponible. » (p.63) ; « Tout faire pour que chacun soit
pleinement reconnu dans sa personnalité tout autant que dans son rôle social,
là où depuis trop d’années des processus de disqualification sociale ont
assigné à des personnes un rôle de mineur à vie et ont contribué à fragiliser
leur confiance en eux. » (p.73) ; « Il faut pour cela
abandonner les réflexes selon lesquels les personnes en situation de handicap
ont besoin des professionnels, il s’agit de prendre un peu de recul afin de
laisser la personne découvrir et puiser dans ses ressources personnelles… Les
discours verticaux des experts et des professionnels du handicap ne peuvent
assurer le bon fonctionnement d’une structure, d’un service ou d’un groupe. »
(p.76).
Ou encore : « Trop d’aide peut devenir source
de dépendance plus grande. L’enjeu de l’école de l’autonomie c’est de
comprendre que rendre dépendant c’est faire obstacle à tous les progrès aussi
petits soient-ils en décidant à la place, en faisant à la place, en ne
proposant pas de choix, en demandant en quelque sorte d’obéir. »
(p.101) ; « Sortir de la logique de la place, c’est comprendre que
les personnes handicapées n’ont pas pour premier besoin d’avoir une place en établissement
pour exister ou vivre dans la société. » (p.168) ; « Nous devons imaginer dans un futur proche, que l’offre
actuelle de services médico-sociaux se transforme dans des lieux très ponctuels
de soins, de diagnostic, d’élaboration de plan d’aide, de projet individualisé,
de développement de compétence sociales, etc. Il s’agira donc moins d’orienter
les personnes vers des places, que de bâtir une vraie réponse accompagnée pour
tous et non plus réservée aux « situations critiques et complexes ».
(p.169)
Extraits de la présentation :
Le « pays des droits de l’homme et de la protection
sociale », la France, n’a toujours pas compris le sens, ni réellement mis
en œuvre, une véritable politique d’inclusion des personnes en situation de
handicap. On ne pense le handicap qu’en termes de compensation et d’allocation.
La situation de dépendance induite par le handicap est évidemment un obstacle
sur le chemin de l’autonomie. Toutefois la quête d’autonomie ne consiste pas à
vouloir tout faire tout seul (ce que personne ne peut raisonnablement
prétendre). Il s’agit de rechercher une participation la plus libre possible à
la vie du monde, au corps social. La prise en charge institutionnelle actuelle
ne suffit pas et conduit au final à une occultation sociale du handicap.
L’auteur en appelle à une nécessaire révolution des mentalités et formule des
propositions concrètes pour y parvenir : création de « déclencheurs
d’autonomie », de « maisons de l’accompagnement », de
« médecin clinicien référent », d’« architecte domoticien »,
etc.
Une lecture qui met en avant les priorités dont on a à se
préoccuper, tant la société que les professionnels, pour que les personnes en
situation de handicap voient leurs droits respectés et leur autonomie maximale
garantie.
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