Un projet médico-social imposé
Aujourd’hui, réglementairement et idéologiquement, c’est à
l’usager, ou à ses parents s’il est mineur, de déterminer ses besoins, ses
attentes et son projet (de vie, de travail, de scolarisation…). Le secteur
médico-social a parfois du mal à se défaire des habitudes anciennes de sa toute
puissance sur les usagers, et de l’imposition de procédures et de prises en
charge définies a priori par l’institution ou par les professionnels de
l’institution.
Mais à l’arrivée à l’établissement, ce n’est pas ainsi que
les choses se passent. En tant qu’établissement médico-social, les prestations
ne correspondant pas à cette seule demande ; il a des ressources pour
répondre à un projet pédagogique, éducatif et thérapeutique, même si les
parents n’en demandaient pas tant. Il ne peut pas être conçu, ni pour
l’institution ni pour ses professionnels, que le projet parental ne puisse être
que scolaire : l’usager, par définition, ne peut être réduit à son droit
d’être élève. Il faut y adjoindre un projet éducatif et un projet
thérapeutique, non pas au regard des besoins de l’usager ou de la demande de la
famille, mais au regard du fonctionnement de l’institution.
Et si par hasard, les parents maintiennent leur projet
initial, s’ils veulent considérer leur enfant comme un élève (sourd), et non
comme un usager déficient auditif (également élève) d’un établissement ou d’un
service du secteur médico-social, s’ils persistent à faire valoir le droit de
leur enfant d’être d’abord un élève comme tous les enfants de son âge, ils ont
tort au regard des missions de l’établissement et des a priori sur les besoins
des enfants de la part des professionnels.
Toutes les ressources de l’établissement médico-social
seront mises à contribution pour que les parents adhèrent au projet de
l’institution, ou plutôt pour que les parents s’y soumettent, par le jeu de
règlements, de procédures, de contrats de séjour, et d’interventions
imposées : visite médicale d’entrée, évaluation psychométrique et suivi
psychologique à la moindre « déviance », et même projet
d’accompagnement, sans compter la pédagogie et l’éducation spécialisées.
On est bien loin de la demande, somme toute banale, de
parents venant faire part du droit de leur enfant à être scolarisé avec des
moyens à lui adaptés. Cette demande est, au mieux, transmutée en une demande de
« prise en charge » qui rappelle les fonctionnements d’antan. Elle
est, au pire, désavouée en termes d’«incompétences » des parents à ne
« vouloir que du scolaire », alors que « la déficience
exige qu’on ait une réponse globale », prétexte à l’imposition d’un projet
hétéronome à ces parents.
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