Des mains pour parler, des yeux pour entendre
La voix des enfants Sourds
d'André Meynard, érès 2016
La voix des enfants Sourds
d'André Meynard, érès 2016
Après m’être procuré le dernier livre d’André Meynard, intitulé « Des mains pour parler, des yeux pour
entendre », et qui a pour sous-titre « La voix et les enfants Sourds », je l’avais laissé traîner
quelque temps sur une étagère, parce que j’avais choisi d’avoir d’autres
urgences de lecture, et aussi parce que je me disais : « J’ai déjà lu
tous les autres ouvrages d’André Meynard, et nombre de ses articles, que
pourrait-il bien avoir de nouveau à dire ?
Reprenant finalement le livre, j’avoue que je me suis
trompé. Bien sûr, l’auteur reprend les problématiques, approfondies, qu’il
avait précédemment traitées dans son approche du développement de l’enfant
Sourd. Ce livre pose des questions fondamentales sur la reconnaissance (ou la
non-reconnaissance justement dans ce qui se dessine de leur approche
aujourd’hui) des enfants Sourds. L’emprise du sonore est toujours là, et sans
doute d’autant plus présente qu’elle s’inscrit dans une évolution sociétale
générale qui risque d’opérer un déni des particularités, vitales, des enfants
Sourds.
Les
évolutions qu’il repère ne laissent pas d’inquiéter en effet sur ce qu’il
adviendra de l’éducation des enfants sourds. Entre le dépistage à deux jours,
la généralisation de l’implantation cochléaire, et ce qu’il appelle
« l’intégration à la milanaise », c’est tout l’avenir de l’éducation
des enfants Sourds qui est interrogée.
Comment penser le sujet Sourd dans un contexte de
sanitarisation de sa place dans la société ? Comment la médicalisation de
la surdité (et d’autres anomalies) s’inscrit-elle dans le texte culturel plus
vaste de la montée de la norme bio-médicale régissant aujourd’hui de plus en
plus non manières d’être ? Telles sont quelques unes des questions
qu’aborde ce livre : « comment
notre modernité, désormais, ne concevra plus ce qui diffère des normes que
comme résultant d’un dérèglement biophysiologique modifiable et traitable selon
ces mêmes voies : les questions du « handicapé », de son corps,
voire de sa langue, vont s’en trouver bouleversées » (p.280).
Si certaines parties sont un peu plus difficiles d’accès
lorsque l’on ne possède pas une bonne culture psychanalytique (en particulier
celles réinterrogeant les fondamentaux psychanalytiques dans l’approche de
l’enfant Sourd), cet ouvrage a le mérite de poser des questions fondamentales à
tous ceux qui prétendent penser l’éducation des enfants Sourds.
Salut jean Yves, je suis ton blog, je n'ai pas encore tout lu, une mine d'infos...Je vois que tu as une retraite studieuse.
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