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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

mardi 28 février 2023

quand la priorité est l'évolution de l'offre de services

Quand la priorité est l'évolution de l'offre de services

Dans la période actuelle, il nous est donné d’observer deux évolutions dans les approches de l’accompagnement des personnes en situation de handicap. D’une part, une évolution des approches conceptuelles, passant d’une approche biomédicale qui attribuait le handicap aux caractéristiques de la personne ayant des déficiences et des incapacités, à une approche écosystémique et sociale, qui identifie le handicap comme étant le produit de l’interaction entre les caractéristiques de la personne (dont les déficiences et les incapacités) et les caractéristiques de l’environnement, qui peut être un obstacle à la réalisation d’activités et d’habitudes de vie. D’autre part, une évolution de l’offre de service, passant d’une organisation structurée autour d’établissements spécialisés, de murs, à une organisation de services répondant de manière flexible aux besoins des personnes et promouvant leur autodétermination, leurs droits et leur liberté de choix.

On pourrait penser que les deux évolutions convergent. C’est le cas au niveau des principes : l’évolution des approches conceptuelles et l’évolution de l’offre de services prétendent se mettre au service de l’amélioration des situations de vie des personnes en situation de handicap : prise en compte de leur expression et de leur besoins, actions sur l’environnement pour enlever les obstacles à la participation, non ségrégation et non-discrimination dans la vie en société, personnalisation des services, inclusion dans toutes les institutions de la société etc. Mais ce n’est pas toujours le cas.

Lors d’un échange, un dirigeant de service médico-social me présentait, avec une certaine fierté, une action qui selon lui favorisait l’inclusion. Il s’agissait de former des médecins scolaires d’une Académie. Le contenu de la formation consistait à former à la déficience concernée et à toutes les incapacités conséquentes susceptibles de gêner la vie et les apprentissages des élèves concernés. Je m’étonnai de cette approche et lui fis remarquer que cette manière de faire reproduisait une approche biomédicale. L’approche biomédicale consiste en l’occurrence à penser que le handicap est la conséquence des caractéristiques physiques ou mentales, considérées comme défectueuses, d’une personne, qui ont des effets sur la réalisation des aptitudes (intellectuelles, motrices, langagières, sensorielles, comportementales…). Depuis la théorisation de cette approche dans les années 1980, il y a eu des évolutions : Classification Internationale du Fonctionnement, du handicap et de la Santé, OMS 2001, et Modèle de Développement Humain – Processus de Production du Handicap, RIPPH, 1998, 2018. Ces modèles, sans ignorer les déficiences et les incapacités, les situent comme un des facteurs des situations de handicap.

Mais, me répondit ce responsable, « c’est une étape nécessaire pour faire évoluer l’offre de service ». Hormis le fait que la relation de cause à effet n’est pas évidente, on peut s’interroger : pour faire évoluer une offre de services (évolution nécessaire), tous les moyens sont-ils bons, y compris ceux qui vont instaurer des conceptions, des relations et des attitudes contraires aux approches contemporaines et se référant à des approches archaïques, celles-ci correspondant précisément à l’ancienne offre de services ? Identifier les personnes qui rencontrent des situations de handicap à l’école par l’identification de leur déficience et de ses caractérisques et par l’identification de leurs incapacités, sans chercher à identifier les diverses situations produisant le handicap en raisons des obstacles de l’environnement n’est peut-être pas la bonne étape de l’évolution de l’offre de services. Cette approche pourrait avoir au contraire comme conséquence de renforcer les représentations déficitaires, les attitudes rééducatives et normatives, donc les pratiques archaïques de l’organisation de l’accompagnement. La formation à un modèle conceptuel archaïque ne peut être en mesure de favoriser des évolutions des offres de services.

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