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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

lundi 1 novembre 2021

inclusion et transformation sociale

Inclusion et transformation sociale

Le processus inclusif est souvent considéré (quoique récemment on ait vu le terme appliqué à tous types de situations, au point que le terme finit par ne plus avoir de sens) comme un droit à conquérir par ou pour une seule minorité. Ainsi en est-il de l’inclusion des personnes handicapées dans l’emploi, à l’école, dans l’espace social, etc. Dans cette hypothèse, on retrouve inévitablement de tels obstacles au projet inclusif que l’on se heurte rapidement à un mur de verre laissant la ségrégation se pérenniser et l’inclusion stagner voire régresser. C’est peut-être qu’à ne parler d’inclusion que pour une seule catégorie, la société dans son fonctionnement d’ensemble, non inclusif, reste en l’état. Lorsque la société est inégalitaire, l’accès aux droits d’une catégorie de population restera inégalitaire ; l’hypothétique ilot égalitaire ne résiste pas à la pression inégalitaire de l’ensemble. La velléité d’inclusion se diluera dans l’exclusion d’autres populations, dans la discrimination, au sein de la population, selon d’autres caractéristiques ou appartenances.

Si l’école est fondée selon des discriminations de niveaux, de valeurs sociales, de mérite, de normes, etc., elle ne peut raisonnablement pas prétendre à inclure une population définie selon certaines caractéristiques comme la déficience ou les incapacités, c’est-à-dire les enfants en situation de handicap. Ceux-ci vont se retrouver inévitablement emprisonnés dans les rets des autres discriminations présentes dans l’école : un élève en situation de handicap qui n’acquiert pas les compétences à la même hauteur, au même rythme et selon les même modalités que la norme des autres élèves n’y aurait pas sa place, puisque l’école a d’autres principes de fonctionnement que celui de l’inclusion de tous. L’accès aux droits d’une personne en situation de handicap n’empêchera pas que, si elle est femme et de couleur par exemple, elle ne puisse accéder à d’autres droits attachés à cette appartenance : peut-elle être considérée comme « incluse » si elle ne peut obtenir de ressources propres par exemple ?

Aussi le processus inclusif n’est-il pas à concevoir comme restreint à une seule catégorie de population (catégorie selon certaines caractéristiques ou minorités) même si celle-ci mérite des mesures spécifiques pour bénéficier de l’accessibilité des et aux biens et services de la société. Il est plutôt à concevoir comme un des vecteurs d’une transformation sociale d’ensemble, qui rende la société plus accueillante pour tous, plus humaine, qui se préoccupe de faire participer tous les individus quels qu’ils soient sans privilégier quelques-uns, qui s’efforce de mettre en œuvre l’effectivité des droits de tous. L’accès aux droits d’une minorité est une condition nécessaire mais non suffisante lorsque elle soumise au non accès aux droits d’autres personnes, et ne relève donc pas d’un processus inclusif. C’est l’accès aux droits de toutes les minorités, de toutes les catégories, de toutes les appartenances, qui peut qualifier une société inclusive.

L’accessibilité physique, sociale, attitudinale pour les personnes en situation de handicap est un impératif inclusif, sous peine de discrimination et de ségrégation. Cela n’empêche pas la société d’être inégalitaire ou différentiellement accessible pour les différentes personnes en situation de handicap, en raison du statut de chacune d’entre elles et de la place que chacune d’entre elles prend ou peut prendre dans la société. Le droit au travail par exemple se heurte de plus en plus à des conditions de plus en plus difficiles de l’exercice d’un emploi dans un monde économique mû par la rentabilité et la concurrence dont les principes sont à rebours d’un processus inclusif. Sur un autre plan, ne pourrait être inclusive une société qui accorderait le principe d’accessibilité aux personnes en situation de handicap en instituant dans le même temps délibérément une inégalité de fait et de droit entre femmes et hommes. Le seul combat, même s’il est nécessaire, pour les droits des personnes en situation de handicap ne suffit pas à caractériser une société inclusive si celle-ci ne se transforme pas concernant toutes les personnes et toutes les catégories.

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