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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

lundi 25 octobre 2021

un mur de verre de l'école inclusive

Un mur de verre de l'école inclusive

Les définitions d’une école inclusive mettent en avant l’unicité d’un système accueillant indistinctement tous les enfants en âge d’être scolarisés, associée à la diversité des réponses individuelles ou collectives apportées aux élèves au sein dans ce système unique. Toutes les organisations, tous les dispositifs, toutes les mesures, toutes les représentations qui vont à l’encontre de cette définition, fussent-ils qualifiés parfois d’inclusifs, ne le sont en définitive pas, et mettent des obstacles à l’évolution du système éducatif vers l’inclusivité.

Ainsi en est-il de cette idée persistante, pérenne, profondément ancré dans la culture et dans l’école, légitimée parfois au nom du bon sens, de l’existence de filières séparées dans ou à côté du système éducatif. Ce que l’on pourrait qualifier de dualisme éducatif, c’est-à-dire l’idée que selon leurs caractéristiques, il y a un système pour tels enfants (« normaux ») et un système pour tels autres (« handicapés »). Il y a du « spécialisé » pour « ces enfants-là », et de l’ordinaire pour tous les autres. Ce dualisme éducatif a une longue histoire et est un héritage long de l’organisation du système éducatif, bousculé aujourd’hui par la notion d’école inclusive. Les enfants handicapés ont d’abord été exclus de l’éducation, avant de pouvoir être éduqués, certes, mais dans un système à part. L’idée de l’inconcevabilité, de l’impossibilité qu’ils puissent être éduqués avec et comme les autres a longtemps été présente comme schème d’action, et l’est toujours d’une certaine manière, malgré les évolutions conceptuelles concernant le handicap et les situations de handicap.

De cet héritage, il est demeuré l’idée d’une légitimité de la séparation de l’éducation, que l’on retrouve dans les représentations et les propos d’un certain nombre d’acteurs de terrain (« il y a des établissements spécialisés pour ces enfants-là, je n’ai pas les compétences pour travailler avec eux »), mais aussi dans les organisations actuelles de la scolarisation, avec la filière historique du secteur médico-social ou les filières internes de l’Education nationales que sont les ULIS ou les SEGPA (sections d’enseignement général et professionnel adapté, en collège).

Tant que l’on s’autorise à penser, et que l’on est autorisé à le faire, qu’il y a des dispositifs spécifiques pour telle ou telle catégorie d’élèves, parler d’inclusion ou d’école inclusive est une illusion mensongère. Tant que seront légitimes comme modèles de pensée et d’action certains dispositifs externes (médico-social) ou interne (ULIS ou SEGPA), des dispositifs pour enfants en difficultés ou handicapés, des dispositifs spécifiques (comme pour les « hauts potentiels » depuis quelque temps), ou des compositions scolaires selon des origines sociales différenciées (avec des sélections selon l’origine sociale en fonction des cartes scolaires, par le choix des options ou par le choix de l’enseignement privé), il sera légitime d’exclure de l’école ordinaire des élèves qui ne correspondent pas à la norme affirmée. Tant que sont possibles deux ou plusieurs écoles différenciées selon les caractéristiques des élèves, l’école ne peut pas être inclusive.

Tant que le séparatisme scolaire (bons élèves/mauvais élèves, élèves d’origine favorisée/élèves d’origine non favorisée, non handicapés/handicapés, …) sera un modèle de pensée et d’action, profondément ancré dans les pratiques professionnelles et organisationnelles du système éducatif, il est inutile, et même mensonger et insoutenable, de proclamer toute volonté politique d’inclusion des élèves en situation de handicap. Ce modèle de dualismes éducatifs, laissé à sa pérennisation et à sa reproduction perpétuelle, restera un obstacle majeur, un mur de verre infranchissable, à toute perspective inclusive.

Ce modèle sous-jacent, conscient ou inconscient, n’est pas seulement un héritage du passé. Il est alimenté aujourd’hui par des projets politiques qui font de différents séparatismes une clé de fonctionnement de la société, dans le même temps qu’ils affirment une volonté inclusive.

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