biographie

Ma photo
Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

vendredi 26 février 2021

handicap, travail et emploi

Handicap, travail et emploi

Le taux d’emploi des personnes en situation de handicap est préoccupant. Celui des personnes non handicapées l’est aussi, et encore plus dans la situation de crise sanitaire et sociale que nous continuons à vivre. Mais celui des personnes en situation de handicap est de l’ordre du double de celui des personnes non handicapées, et la croissance de leur non emploi est beaucoup plus forte que celle des autres. Par ailleurs, les taux de sortie des ESAT (établissements et services d’aide par le travail) vers le travail « ordinaire » est en chute importante : les travailleurs handicapés qui y travaillent savent qu’ils y passeront leur vie professionnelle. Pendant que certains travailleurs qui n’en peuvent plus du travail et de ses conditions « espèrent » une reconnaissance en qualité de travailleur handicapé (RQTH) pour pouvoir prétendre à entrer dans un ESAT.

Tous ces constats posent de manière cruciale la question de l’inclusion, ou plutôt d’une société inclusive qui tolère ce genre de situations depuis des années, et qui même laisse cette situation se dégrader. Et pourtant, de nombreux efforts ont été faits, depuis les grandes mesures de 1987 : réglementations nombreuses, mises en place de mesures incitatives ou contraignantes, sensibilisation des acteurs, dispositifs de formation, de maintien dans l’emploi, d’insertion et de réinsertion, …

Pour que les choses changent, il y faudrait plusieurs conditions, fondamentales. Il y faudrait tout d’abord des choix politiques clairs de solidarité pour que la société fonctionne mieux sur les principes de fraternité et de solidarité. Or la solidarité en tant que choix politique n’est plus : il n’est que de voir les discours convenus sur les cotisations sociales considérées aujourd’hui comme des charges indues et pesantes face à la liberté (d’entreprendre, de faire des profits, de choisir son « assurance », etc.) là où elles étaient considérées auparavant comme le signe et l’instrument de la solidarité.

Faute de ce choix de solidarité, encore pourtant affirmé dans certains discours sur les personnes en situation de handicap mais à rebours des actes et de la réalité, la solution est de se tourner vers les réponses individuelles que l’on voit proliférer dans les appels aux dons, les solutions individuelles et individualistes de parrainage, et dans le Duoday pour ce que concerne le travail et l’emploi. L’accueil d’une personne en situation de handicap pour une journée dans son milieu de travail est la manifestation individuelle de notre solidarité et de notre liberté, ce qui nous confère de la grandeur. Mais ce n’est en définitive qu’une nouvelle modalité de l’ancienne charité chrétienne envers les démunis, des « bonnes œuvres », quand il s’agissait par cette action de sauver sa propre âme en faisant la charité. Aujourd’hui il ne s’agit plus de que manifester ses convictions par un acte de générosité individuelle et ciblée, et qu’il s’agit bien sûr de communiquer.

Mais, et c’est l’autre condition fondamentale, le travail est devenu aujourd’hui une « institution » excluante et sans solidarités. Le monde du travail, et les conditions pour accéder à un emploi, sont aujourd’hui à l’inverse de la solidarité et de la tolérance à des personnes différentes. Si l’on exclut quelques situations ou des personnes en situation de handicap sont d’excellentes sources de profits (des autistes « Asperger » dans une start-up d’informatique), la plupart du temps, les conditions de travail (rapidité, adaptabilité, flexibilité, performance, image, compétitivité, agilité, responsabilité, etc…) sont excluantes pour des personnes en situation de handicap. Les difficultés des conditions de travail s’expriment aujourd’hui tant par les souffrances au travail (souffrances physiques et psychiques dues aux nouvelles contraintes et nouveaux fonctionnements) mais aussi par les modifications des organisations de travail (ubérisation, régression des droits,..) Dans ces conditions il y a un certain paradoxe à vanter l’emploi des personnes en situation de handicap et à faire en sorte que les conditions d’emploi se dégradent.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire