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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

lundi 2 mars 2020

de la formation des enseignants ...

De la formation des enseignants ...


Il ne manque pas une réunion, un séminaire, un colloque, une rencontre qui ne viennent inévitablement poser la question, critique, du manque de moyens (c’est vrai), et en particulier de l’absence ou de la pauvreté de la formation des enseignants ordinaires pour pouvoir accueillir des enfants en situation de handicap dans leur classe, obstacle majeur de la scolarisation inclusive.

Que se pose la question des moyens, c’est légitime. Mais les élèves en situation de handicap ne sont pas les seuls à être victimes de choix politiques d’abaissement de ressources, masqués par des nouveautés séduisantes (dédoublements des CP en zone prioritaire par exemple). La rentabilisation de l’Education nationale et sa normalisation (nombre d’élèves par classe, suppression d’écoles, dispositifs d’aide, cartes scolaires, …) ont des conséquences néfastes sur les catégories d’élèves les plus en difficultés dans les apprentissages scolaires, ceux qui risquent le plus l’échec scolaire, et qui sont le plus souvent issus de milieux défavorisés, et les élève en situation de handicap. On pourrait croire que ces derniers ont bénéficié de mesures exceptionnelles dans la dernière période : la réalité de la scolarisation inclusive est bien éloignée du discours officiel.

La question de la formation se pose peut-être de façon différente, à partir de ce qui constitue l’identité et la culture professionnelle des enseignants. Un des aspects qui constitue le ciment de la culture professionnelle des enseignants est la notion d’autorité : autorité institutionnelle, mais aussi autorité des savoirs (de l’expertise d’une discipline à « c’est la maîtresse qui a dit »). Dans ce registre, l’accueil d’élèves en situation de handicap pose problème, dans la mesure où il met en évidence l’absence de savoir ou d’autorité : non connaissance de la nature de la déficience ou du « dossier médical » de l’enfant, non connaissance des réponses « spécialisées » convenues à apporter, incertitudes sur les modes de relation magistraux à établir avec celui qui n’est pas dans les normes, etc. Tout cela fait défaut à son identité relative à l’autorité, et conduit l’enseignant à penser qu’il n’est pas apte ou capable d’enseigner à ces élèves.

Mais il est un autre aspect de l’identité professionnelle sur lequel les enseignants peuvent s’appuyer pour se penser capable d’accueillir dans leur classe, avec toute la pertinence requise, des élèves en situation de handicap, c’est la culture de l’accompagnement. Cet aspect de l’identité professionnelle a davantage été formalisé depuis la loi d’orientation sur l’éducation de 1989, avec la notion d’« élève au centre ». Avec la notion d’accompagnement, l’enseignant se met dans une posture de résolution des problèmes pragmatiques de la rencontre d’un élève avec ses apprentissages. Il est attentif à la manière dont chaque enfant se confronte aux situations problèmes, de quelle manière il essaie de les résoudre, et des réussites ou des difficultés qu’il peut rencontrer dans la résolution de ses apprentissages et dans l’appropriation des compétences.

Le défaut de la culture d’autorité et de savoir, son absence même, dont la formation technique au handicap constituerait le palliatif, n’est plus un obstacle majeur, puisque la posture consistera à se mettre à la hauteur des difficultés de l’élève, quelles que soient les difficultés en question et quelles que soient les caractéristiques de l’élève. Peut-être faut-il concéder que quelques connaissances sur la « nature » des élèves ne sont pas malvenues (bien que les formations ainsi ciblées sur la nature des déficiences et incapacités semblent contre-productives). Mais les connaissances les plus fondamentales sont celles concernant les capacités des enseignants à se mettre à l’écoute de leurs élèves et de leurs difficultés, concernant les manières de faire différenciées selon les difficultés, les organisations de classe favorisant les apprentissages de tous, la multiplication des supports adaptés à l’ensemble des élèves. Il s’agit en définitive de faire réussir au mieux tous les élèves plutôt que de cibler des dispositifs destinés exclusivement à quelques-uns, de plus irréalisables en l’absence d’une formation susceptible de tout résoudre.

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