"Ni fou ni gogol". Orientation et vie en ITEP
de Hugo DUPONT, (PUG, 2016)
de Hugo DUPONT, (PUG, 2016)
Extrait de la présentation : « Ni fou, ni gogol ! » : c’est ainsi que se qualifient les
enfants et adolescents accueillis en institut thérapeutique, éducatif et
pédagogique (ITEP). Ces jeunes présentent un comportement perçu comme déviant
par les professionnels des secteurs scolaire, social et médico-social, et sont
réputés non scolarisables dans le milieu ordinaire… L’auteur tente de
comprendre comment la mise à l’écart de ces jeunes est légitimée et présente le
travail de normalisation effectué par les ITEP : soulagement de la
souffrance psychique tenue pour responsable des troubles du comportement d’une
part, rééducation d’autre part. »
Pour ces jeunes dits « à troubles du
comportement », l’auteur fait ressortir avec une grande évidence le
processus qui met un jeune qui perturbe l’ordre scolaire, ordre scolaire qui ne
convient pas à un certain nombre d’élèves, dans une position impossible de « choix »
entre se conformer à cet ordre ou en être exclu ; tandis que l’école (et
son ordre scolaire) n’est pas contrainte de s’interroger sur les raisons de ce
dysfonctionnement qui pourraient tenir à son fonctionnement et à ses propres
normes.
Si ces jeunes sont inadaptés à l’école, celle-ci est
également inadaptée à ces jeunes. Pour justifier l’exclusion conséquente de
cette inadaptation réciproque, la déviance, qui se manifeste pas des actes et
des conduites répréhensibles, est transformée en maladie psychique, en
déficience psychique, en incapacité à suivre une scolarité ordinaire en raison
de la souffrance psychique de cet enfant, étiquetée désormais
administrativement par le handicap psychique. « Le jeune ne peut donc pas rester à l’école, non pas parce qu’il pose
trop de problèmes mais parce qu’il n’en est pas capable. De la catégorie
d’enfant perturbateur, il passe à celle d’enfant perturbé. »
Ce que l’auteur démontre dans cet ouvrage concernant les
jeunes qui présentent des troubles du comportement se retrouve aussi dans les
processus de médicalisation ou de psychologisation de la difficulté de
scolarisation des enfants en situation de handicap à l’école. Lorsque les
déficiences sont plus « objectivables », le processus
« d’exclusion » de l’école s’appuie sur ces critères plus
« objectifs » relatifs à la déficience. Mais pour des situations
moins « objectivables » comme les troubles des apprentissages, on
trouve une grande analogie avec ce que décrit cet ouvrage. Ces jeunes qui
rencontraient de grandes difficultés à l’école, qui ne rentraient pas dans
l’ordre scolaire des modalités d’apprentissage, se trouvent désormais qualifiés
d’une déficience et d’un « trouble des apprentissages » (les familles
des « dys » en particulier), qui attribuent à l’individu et à ses
caractéristiques personnelles les raisons essentielles des dysfonctionnements
rencontrés.
La
lecture de cet ouvrage serait profitable non seulement à tous les
professionnels travaillant avec les jeunes avec troubles du comportement, mais
également avec les jeunes en situation de handicap.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire