Quand manque l'enseignant spécialisé...
On pourrait se dire que lorsque, dans une classe spécialisée,
manque l’enseignant spécialisé, c’est une catastrophe. Et cela l’est sûrement
dans nombre de circonstances. Mais peut-être pas toujours pour les raisons que
l’on pense, ainsi que le met en évidence l’exemple qui suit, où l’absence
d’enseignants spécialisés a été d’une certaine manière « compensée »
par les pratiques des autres enseignants de l’école.
Une des solutions possible aurait été celle du repli sur soi
des deux classes et la ségrégation entre les élèves de l’école et ceux des deux
classes spécialisées. Ce repli sur soi, la fermeture des classes spécialisées
sur elles-mêmes, sans inclusion des élèves dans les classes ordinaires, se
serait accompagné de la ségrégation professionnelle des enseignants
« ordinaires » et des enseignantes « ordinaires » affectées
aux CLIS.
Une autre solution fut choisie, celle de développer la
présence des enfants handicapés des deux CLIS dans les classes ordinaires de
l’établissement scolaire, les deux enseignantes affectées aux CLIS venant en
appui des autres enseignants des classes qui accueillaient « leurs »
élèves (division des classes en deux, travaux en groupes mixtes non handicapés
/ handicapés). Des temps de regroupement sont toutefois préservés pour répondre
à des besoins plus spécifiques de ces élèves et pour les aider à surmonter un
certain nombre de difficultés rencontrées dans les apprentissages. Cette
situation de « maitre ignorant » a paradoxalement favorisé le partage
des savoirs et des pratiques à « ignorance égale » de ce qu’il
fallait faire avec les élèves présentant une déficience auditive ou des
troubles du langage.
L’inclusion dans les classes ordinaire a été développée,
puisque de toute façon l’enseignante qui devait avoir la charge de la classe
spécialisée n’en savait pas plus que son collègue de la classe ordinaire sur la
manière de faire avec ces élèves à besoins particuliers. Les maitres ordinaires
ont découvert qu’ils pouvaient mobiliser leurs compétences générales, qu’ils
mobilisaient déjà pour des élèves qui rencontraient des obstacles dans les
apprentissages au profit de ceux en situation de handicap. Les échanges plus nombreux
entre les élèves, handicapés et non handicapés, ont favorisé le vivre ensemble
et le apprendre ensemble, ainsi que la sociabilité réciproque, et également le
regard porté sur l’autre. Les élèves se sont ainsi sentis appartenir à la
classe de CM1 ou de CM2, non à la classe CLIS.
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