Usagers ou citoyens ?
La manière dont une « administration » regarde ses
administrés a des effets sur la vie même de ceux-ci. Les Agences Régionales de
Santé regardent les personnes handicapées qui sont sous son administration
(dans les établissements médico-sociaux) d’un point de vue global de la santé,
et les nomme usagers dans ce secteur. Elles ne les regardent pas d’un point de
vue sociétal ; le point de vue sociétal existe bien entendu, mais en tant
que politique générale, pas sur les situations des personnes. Ce point de vue
de l’administration politique des choses et des personnes est aussi ce qui se
dissémine comme état d’esprit dans les établissements.
Les ARS, les gestionnaires de « l’hôpital » et des
autres secteurs, minoritaires, qui en relèvent ont pour « clients »
des personnes qui sont hors du jeu social
en raison de leur santé (maladies, dépendance, déficience). L’administration s’efforce de rétablir ces personnes dans un certain jeu social sur ce temps suspendu où elles sont hors du jeu social, le temps de guérir pour les malades, le temps de mourir pour les personnes dépendantes en EHPAD : les chartes des droits, les contrats de séjours, les conseils de la vie sociale, les participations des usagers à la mis en œuvre de leur projet sont les outils de garantie du respect et de l’exercice des droits des personnes par les institutions qui sont chargées d’en prendre soin sur ces périodes de vulnérabilité. Elles ont le droit d’exercer leurs droits à l’intérieur de l’institution, afin de bien vivre en attendant la guérison, ou de bien vieillir.
en raison de leur santé (maladies, dépendance, déficience). L’administration s’efforce de rétablir ces personnes dans un certain jeu social sur ce temps suspendu où elles sont hors du jeu social, le temps de guérir pour les malades, le temps de mourir pour les personnes dépendantes en EHPAD : les chartes des droits, les contrats de séjours, les conseils de la vie sociale, les participations des usagers à la mis en œuvre de leur projet sont les outils de garantie du respect et de l’exercice des droits des personnes par les institutions qui sont chargées d’en prendre soin sur ces périodes de vulnérabilité. Elles ont le droit d’exercer leurs droits à l’intérieur de l’institution, afin de bien vivre en attendant la guérison, ou de bien vieillir.
Pour les personnes en situation de handicap, on se peut se
satisfaire de cette approche : elles ne sont ni en attente de guérison, ni
en attente de la mort. Que ces dispositions de participation en tant qu’usagers
soient nécessaires, il n’y a pas à en douter. Mais cela n’en fait pas des
citoyens, cela ne les dispense de leur vraie participation sociale dans les
lieux où ils vivent. A la différence des patients hospitalisés ou des personnes
dépendantes en EHPAD, qui y ont leurs lieux de vie, provisoire ou pérenne, les
personnes en situation de handicap vont à l’école, travaillent. Et il serait
quand même intéressant de se préoccuper de la manière dont ils exercent ces
droits dans ces lieux où ils vivent. Il n’est pas concevable que l’exercice des
droits ne s’exerce que dans l’institution.
Et c’est cette préoccupation qui semble absente dans
l’administration du travail médico-social, avec la réduction de la personne au
statut d’usager, qui se concrétise dans la recherche, nécessaire, de bonnes
pratiques, de bonne gestion, de qualité, etc. La préoccupation sociale se
réduirait à celle de l’assignation au statut d’usager.
Le résultat en est que dans les établissements
médico-sociaux, on est plus souvent soucieux du fonctionnement du CVS, des
risques de maltraitance, et de sujets tout aussi importants, que de la manière
dont par exemple des jeunes peuvent fréquenter l’école, apprendre dans de
bonnes conditions, vivre hors de l’institution. Une anecdote illustrera le propos :
dans la rédaction du rapport d’activités annuel, sont relevés les indicateurs
témoignant de la participation des usagers (CVS, groupes de parole,
enquêtes…) ; j’avais suggéré que au sein du collège, ils avaient aussi des
lieux d’expression (heure de vie de classe, conseils de classe, élèves
délégués), où les jeunes apprenaient et exerçaient véritablement leur
citoyenneté, « pour de vrai ». Et bien cette modalité d’expression
n’entrait pas dans le cadre du rapport d’activité, puisqu’ils ne le faisaient
pas en tant qu’usager !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire