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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

mercredi 2 octobre 2024

de la compensation, faute d'accessibilité

De la compensation, faute d'accessibilité

 Compensation et accessibilité sont bien souvent, sinon toujours, considérées comme les deux faces d’une même pièce. A juste titre dans la plupart des cas. Ainsi, en ce qui concerne par exemple les transports en commun,  un fauteuil roulant, qui est de l’ordre de la compensation, ne peut-il avoir de sens que dans des dispositifs d’accessibilité de l’espace public des transports (quais…) et dans les véhicules (planchers surbaissés…). Mais l’image des deux faces d’une pièce peut être trompeuse : il arrive que la compensation dont est pourvue une personne dispense la société de mettre en place l’accessibilité, alors que parallèlement la mise en place de dispositifs d’accessibilité permet de minorer les compensations nécessaires. C’est dire que le rapport entre compensation et accessibilité n’est pas fixe et immuable, mais qu’il est flexible et que des changements dans l’un des domaines peut avoir des effets sur l’autre.

Dans l’histoire de l’accompagnement des personnes en situation de handicap, le versant compensation a, de tout temps, été privilégié. La compensation est ce qui va permettre à une personne de « compléter » ses caractéristiques pour se rapprocher des normes, des habitudes ou des conditions de vie en vigueur dans la société. Il peut s’agir d’une aide technique ou d’une aide humaine : un fauteuil, des médicaments, une aide à domicile, un·e AESH. Mais il peut s’agir aussi des dispositifs d’éducation ou de rééducation qui vont permettre à une personne d’être et d’agir au plus près possible des personnes considérées comme normales : orthophonie, kinésithérapie, psychologie…Tous ces dispositifs de compensation partent du postulat que la personne handicapée a des caractéristiques de manque, d’écart, ou de besoin, que les compensations mises en place permettent de partiellement combler, et ainsi homogénéiser les caractéristiques autour d’une norme établie.

L’accessibilité, quant à elle, se situe au niveau de la réponse sociale et de la flexibilité du milieu à l’égard d’un certain nombre de personnes. Ici ce ne sont pas les personnes qui sont tenues de réduire l’écart, mais c’est la société (physique et sociale) qui modifie ses normes pour s’adapter à des personnes qui ont des caractéristiques différentes, afin qu’elles soient en situation de participation sociale. C’est la société qui met en place des aménagements, ponctuels ou pérennes, localisés ou universels, pour permettre de mieux vivre dans les différents segments qui la composent.

A l’école, la présence des AESH s’est révélée indispensable pour accueillir des élèves handicapés au sein des classes, à tel point que certains enseignants, ou certaines écoles, usent de la menace de refus de scolarisation sans AESH. L’AESH est emblématique en tant que mesure de compensation, et non d’accessibilité comme il est dit parfois. L’AESH est une aide humaine qui peut permettre à un élève de faire au mieux comme les autres élèves. Celui-ci peut ainsi réaliser des gestes, des apprentissages, des interactions, qui sans cette aide, ne pourraient être réalisées. En ce sens, l’AESH compense ce qui fait défaut chez l’élève concerné pour être élève. Ce faisant, il est demandé à l’élève, avec son aide, de se conformer à un dispositif éducatif, pédagogique, didactique et institutionnel tel qu’il fonctionne habituellement, c’est-à-dire sans élèves handicapés. L’AESH permet au dispositif de continuer à fonctionner comme si l’élève concerné n’était pas là. Une compensation est dotée à l’élève, l’institution reste telle quelle, immobile, sans changements.

Il serait peut-être temps d’inverser les priorités : sans bien entendu enlever les compensations, dont l’essentiel est bien évidemment nécessaire, il importerait de se préoccuper des manières dont les dispositifs pourraient se rendre accessibles, c’est-à-dire évoluer afin de s’adapter aux différents élèves. Peut-être dans ce cas y aurait-il d’ailleurs besoin de moins de compensations, celles-ci évitant parfois le recours à l’accessibilité ?

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