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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

jeudi 31 octobre 2024

Le médico-social peut-il sauver l'éducation nationale ?

Le médico-social peut-il sauver l'éducation nationale ?

Depuis une vingtaine d’années, et même davantage, la prise de conscience de la séparation trop radicale entre le secteur médico-social et l’Education nationale a pris la forme d’incitations réglementaires de collaborations, de partenariats, d’actions communes, d’ouverture, de mixité, etc. entre les deux secteurs. De nombreux dispositifs ont été imaginés pour rapprocher les deux « filières » : depuis longtemps les SESSAD, plus récemment, les PIAL, les inclusions inversées, les IME en établissement scolaire, les UEMA, etc. Ces réglementations et ces actions attestent d’une prise de conscience d’une certaine anomalie dans la scolarisation des jeunes élèves en situation de handicap, partagés entre deux filières qui ont été longtemps étanches. Et malgré cela, les choses n’avancent pas de manière satisfaisante.

Les impasses successives du développement de l’intégration et de l’inclusion des élèves handicapés malgré d’innombrables dispositifs ne laissent pas d’interroger. Depuis 1975, au sein même de l’Education nationale, de nombreux textes, souvent généreux et justes, ont tenté d’améliorer l’accueil, avec beaucoup, puis moins, de réserves, ces enfants à l’école. Les CLIS puis les ULIS, les SESSAD en ont été les instruments principaux, mais aussi les projets personnalisés de scolarisation, les enseignants spécialisés et les enseignants référents, ainsi bien sûr que de nombreux dispositifs mis en place. Sans pourtant faire modifier radicalement la présence des enfants handicapés dans les classes. Alors a surgi cette idée : puisque les enfants handicapés sont en partie accompagnés dans le secteur médico-social, il n’y a qu’à faire collaborer les deux secteurs pour changer les pratiques et développer l’inclusion dans une école restant rétive à accueillir des élèves qui auparavant qui n’y avaient pas naturellement leur place.

Car, de son côté l’éducation dite spécialisée, en parallèle, prenait en charge, sans toujours scolariser, ceux qui avaient des caractéristiques diagnostiques incompatibles avec les finalités et le fonctionnement de l’école. Elle a élaboré des savoirs scientifiques et expérientiels concernant cette population, en même temps qu’elle a donné un contenu conceptuel au handicap et des représentations spécifiques aux personnes handicapées. L’éducation dite spécialisée s’est appuyée sur une approche individuelle bio-psycho-médicale, attribuant à la personne concernée les attributs des difficultés de participation sociale : « pas de bras, pas de chocolat ! » Le secteur médico-social reste largement ancré dans cette approche, même si celle-ci s’est quelque peu ouverte avec des références de plus en plus nombreuses à l’environnement, à la participation sociale, et même parfois aux droits. Il n’en reste pas moins que l’approche demeure défectologique et validiste, marginalisant de fait les personnes handicapées.

Pour espérer rendre inclusive l’école dans la collaboration entre les deux secteurs, il faudrait que ceux-ci changent tous deux simultanément de paradigme. Que l’école devienne une école qui se préoccupe de la réussite de tous les élèves (parmi lesquels les enfants handicapés), alors qu’aujourd’hui, malgré des discours inclusifs, les dispositions prises pour l’école sont à contre-courant de ces principes (ségrégation sociale, défaut de moyens, fonctionnement élitiste et sélectif, orientations…). Que l’éducation dite spécialisée se départisse d’une approche bio-psycho-médicale, pour adopter une approche écosystémique qui considère que des situations de handicap vécues par des personnes sont l’objet de l’interaction entre les caractéristiques personnelles et les caractéristiques environnementales, se départisse de son approche défectologique. Et que la société cesse de considérer que toute difficulté dans la scolarisation ne peut n’avoir comme solution et issue que le soin. En conservant leurs modèles de pensée et/ou de fonctionnement, l’école, appuyée sur le secteur médico-sociale,  n’a aucune raison d’opérer la moindre transition inclusive.

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