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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

lundi 30 novembre 2020

handicap : besoins éducatifs ou besoins de santé

Handicap : besoins éducatifs ou besoins de santé? 

Chez les professionnels comme dans les médias, l’inclusion est souvent considérée comme le résultat d’une série d’aménagements techniques au bénéfice des personnes en situation de handicap, et plus rarement comme une philosophie, comme changement de paradigme de pensée et de représentations sur les personnes en situation de handicap. Ici une rééducation de compensation, là un aménagement de l’environnement, ou encore une application mobile pour faciliter la vie… Et ainsi, à force d’améliorer les petits détails de la vie, les facteurs de l’exclusion et de la ségrégation envers les personnes en situation de handicap s’atténueraient, jusqu’à peut-être disparaitre.

Mais alors, pourquoi le processus inclusif (le projet inclusif, l’idéal inclusif) se heurte-t-il à une muraille de verre avec le constat que les choses ne changent pas fondamentalement ? On ne peut nier que les choses ont quand même changé. Dans le champ scolaire, l’absence manifeste des élèves en situation de handicap il y a quelques décennies a été remplacé par une présence significative, qui laisse toutefois un grand nombre d’enfants en dehors du processus, soit en raison du manque d’accompagnement (la réforme de l’organisation des AESH, accompagnants des élèves en situation de handicap, a eu des effets de régression), soit parce qu’il existe encore des institutions spécialisées pour nombre d’entre eux. Malgré des progrès quantitatifs, demeurent des pratiques sociales et culturelles, une idéologie et une philosophie non inclusives, qui font obstacle à un changement véritablement inclusif de la société.

L’un de ces obstacles philosophiques réside dans la conception qu’une société, la nôtre, se fait du handicap, et par exemple des élèves en situation de handicap à l’école. Notre approche en termes de place de l’élève en situation de handicap à l’école est encore centrée sur les besoins de santé, engendrés par la déficience, les troubles ou les incapacités, labellisés en quelque sorte comme définissant en priorité cet élève : un élève en situation de handicap est un élève qui a des besoins de soins. Dès lors qu’un enfant handicapé arrive à l’école, la médecine scolaire (ou du moins ce qu’il en reste) est mobilisée, garante du cadre de scolarisation, faisant suite aux dispositions et droits accordés par la MDPH, là encore sous la primauté d’un médecin avec le guide-barème. Même lorsqu’il n’y a pas « handicap » statué, comme pour les enfants présentant des troubles des apprentissages, il y a un diagnostic médical présent, avec des indications éducatives et pédagogiques. L’institution scolaire se soumet en quelque sorte à des indications médicales pour les réponses à des besoins de pédagogie et d’éducation, définis et qualifiés de besoins de soins, jusqu’aux choix par exemples des méthodes de lecture. Les réponses et indications paramédicales (orthophonie, ergothérapie, suivi psychologique…) sont des éléments de confirmation de la nature médicale du problème.

Cette approche, dominante, s’oppose à une approche plus sociale, plus « universelle », qui considère que tout enfant, ayant une déficience corporelle ou des difficultés sociales, ou ni l’une ni les autres, est un élève qui a des besoins éducatifs, communs à tous ou particuliers pour certains, auquel le système éducatif doit répondre. Les enfants qui ont le statut de handicapé ont des besoins particuliers dont la nature est éducative avant d’être de santé, comme des enfants ne maitrisant pas la langue ou avec des difficultés issues de facteurs sociaux. Pas plus les uns que les autres ne relèvent de réponses à des besoins de santé ou sanitaires.

La question serait plutôt celle de la gestion des réponses à l’ensemble des besoins. A l’heure actuelle, il est illusoire de penser que le système éducatif a les moyens de satisfaire à cette exigence, en raison de la nature du système éducatif. Et par conséquent, ce sont les catégories de réponses à des besoins de santé qui apparaissent comme les plus valides. Mais un tel positionnement constitue une muraille de verre au développement du projet inclusif, en confondant en définitive déficience et handicap.

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