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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

vendredi 25 octobre 2019

la discrimination inclusive

La discrimination inclusive

Des textes récents semblent enfin donner le droit pour les enfants handicapés orientés en établissements médico-sociaux et bénéficiant de dispositifs de scolarisation externalisés en établissement scolaire d’être inscrit dans celui-ci. Il reste à voir dans quelles conditions cette inscription de droit pourra être mise en œuvre. L’expérience à ce niveau ne plaide pas pour une mise en œuvre facile et évidente, au regard des résistances de longue date de l’administration de l’Education nationale à acter ce droit. Voici un bref scénario de cette histoire complexe.


J’ai été responsable, dans un établissement spécialisé, de plusieurs dispositifs externalisés dans des collèges, en particulier dans la période de la promulgation de la loi de 2005 jusqu’en 2016. Ces dispositifs, qui sont devenus des unités d’enseignement externalisées, comprenaient des élèves (des jeunes sourds) qui étaient inclus dans les classes du collège et accompagnés, par des interfaces traduisant en langue des signes ou des enseignants spécialisés. Ils comprenaient aussi d’autres élèves handicapés qui ne parvenaient pas à être inclus dans les classes du collège, sauf en Education physique et sportive et Arts plastiques (les raisons de leur « exclusion » des classes de collège mériteraient interrogation), et qui par conséquent avaient leur parcours de formation en dispositif spécialisé (classes) au sein du collège.

L’un des obstacles, objet d’un conflit permanent avec l’administration de l’éducation nationale, fut la question de leur inscription dans l’établissement scolaire. L’administration de l’éducation nationale n’eut de cesse de refuser cette inscription. Qu’ils soient en permanence dans une classe de collège, fussent-ils accompagnés par des professionnels du service médico-social, ou qu’ils n’y soient que pour quelques cours, c’était non à l’inscription. Parmi les motifs invoqués, celui de l’impossibilité (non réglementaire par ailleurs) d’une double inscription, ou l’impossibilité de l’inscription en raison du faible temps dans la classe, ou encore la possibilité d’une hypothétique inscription inactive (le terme était bien choisi !) dans l’établissement scolaire du lieu d’habitation.

Cette situation était évidemment un obstacle majeur à la mise en place et au développement de l’inclusion. Comment « rajouter » des élèves en plus dans des classes prévues ou réparties en fonction du seul nombre des élèves non handicapés ? C’est ainsi que 6 élèves pouvaient être rajoutés à une classe de 26 ou 28, situation légitimement dénoncée par les enseignants, et prétexte à résister à tout examen d’une possibilité d’inclusion. Finalement, cette situation devint intenable, et les élèves qui étaient en totalité en inclusion, parvinrent à être inscrits, sur un malentendu administratif, et il fut difficile de revenir en arrière. Mais pour ceux qui n’étaient qu’inclus à temps partiel, l’inscription ne fut jamais possible : une pseudo inscription inactive fut activée, mais elle n’empêcha pas les élèves de ne pas être comptabilisés à la restauration scolaire ou d’être « oubliés » dans des activités scolaires, de ne pas pouvoir avoir les bulletins scolaires de l’établissement ni les dotations élèves de l’établissement ; elle n’empêcha pas non plus les élèves ou les parents de ne pas pouvoir exercer leurs droits (conseils de classe, délégués de parents…). Ils étaient en quelque sorte des étrangers, des intrus, au sein de l’établissement scolaire.

Une circulaire sur le parcours de formation des élèves en situation de handicap de 2016 pouvait laisser penser à une amélioration. Mais le texte étant ambigu, la situation de non inscription des élèves d’unité d’enseignement externalisé en établissement scolaire est restée une pratique habituelle, jusqu’à ces textes récents. Mais ceux-ci changeront-ils quelque chose à la situation de discrimination qui se pérennise, y compris sous le vocabulaire d’inclusion ? Depuis 2005, les élèves en situation de handicap ont acquis le droit d’être inscrits dans les établissements scolaires. Depuis 2005, l’éducation nationale a développé beaucoup d’imagination pour ne pas mettre en application ce droit.

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