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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

vendredi 6 septembre 2019

vivre ensemble, vivre entre-soi

Vivre ensemble, vivre entre-soi


Vivre ensemble et vivre entre-soi, et en ce qui concerner l’école apprendre ensemble et apprendre entre-soi, sont des notions souvent confondues et souvent réunies sous un beau discours sur la première notion. Pour les enfants en situation de handicap, on est passé, davantage d’ailleurs dans les intentions politiques que dans les pratiques institutionnelles, du vivre entre-soi des institutions spécialisées au vivre ensemble de l’intégration, puis de l’inclusion, puis de la scolarisation inclusive.


Mais on voit bien que les politiques inclusives peinent à se réaliser, en témoignent, à chaque rentrée scolaire, les difficultés de scolarisation des enfants handicapés et les dénonciations d’enseignants sur les conditions d’inclusion. Mais qu’elle soit difficile à mettre en œuvre dans la perspective du vivre ensemble n’est pas étonnant, au regard de toutes les modalités du non vivre ensemble, du vivre entre-soi, qui existent dans le système éducatif, encouragées, développées, ou même parfois légiférées. Un système éducatif organisé de cette façon ne peut que nuire gravement, massivement et violemment à la politique du vivre ensemble et anéantit tout le discours des politiques inclusives.

Dans le système éducatif, on observe de multiples fonctionnements d’entre-soi, dont la liste qui suit n’est pas exhaustive :
  • -  La multiplication de création d’écoles « alternatives » qui privilégient de fait, sous prétexte de pédagogies nouvelles ou originales (créativité et bonheur de l’élève) une éducation entre-soi plutôt que le vivre ensemble républicain ;
  • -  Le développement de classes spécialisées pour de nouvelles catégories de population (dyslexiques, autistes, hauts potentiels…) ;
  • -   L'autorisation des classes spécialisées en collège pour les élèves qui font latin ou grec, permettant à certains élèves d’échapper aux classes hétérogènes, et qui vont devenir de fait des classes refuges pour certaines élites ;
  • -   Le soutien à l’enseignement privé par l’obligation de la scolarisation à 3 ans, sachant que le privé confessionnel est de moins en moins confessionnel mais a pour fonction de fait d’organiser de plus en plus l’entre-soi des catégories favorisées ;
  • -   La menace toujours présente du « chèque éducation », qui permettrait aux familles de financer les établissements scolaires de leur choix ;
  • -  La tendance persistante à reproduire ou à défaut à espérer des classes homogènes ;
  • -  Des avantages fiscaux pour utiliser des officines privées pour le soutien ou le renforcement des apprentissages ;
  • -  La reconduction des dotations inégalitaires au profit des « bons » établissements au détriment des « mauvais » établissements ;
  • -   L’externalisation du traitement des difficultés scolaires soit par une médicalisation des problèmes, soit dans les nombreuses offres de soutien scolaire ; etc.

On peut comprendre que dans ces conditions, la scolarisation inclusive soit presque à contre-courant de ce mouvement de fond qui se manifeste sur les plans idéologiques et politiques, et incomprise par les acteurs qui devraient la mettre en œuvre. Les beaux discours, la présence ministérielle sur le terrain, une communication élaborée et séduisante, ne sont qu’une écume trompeuse masquant un fort courant de la quête d’un vivre entre-soi et faisant véritablement obstacle à la prétention du « grand service public de l’école inclusive ».

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