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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

mardi 24 septembre 2019

externalisées ou internalisées ?

Externalisées ou internalisées ?


Les classes externalisées des établissements médico-sociaux dans les établissements scolaires constituent une évolution notable dans l’architecture de la scolarisation des enfants en situation de handicap. Les premières classes de ce type étaient « délocalisées ». Le terme désignait bien la chose : bien souvent il s’agissait d’un déménagement des élèves, des professionnels, des meubles et des outils de l’établissement spécialisé vers l’établissement ordinaire. Pour ma part, j’ai connu cette expérience avec des classes d’enfants sourds au début des années 1990.


Il ne s’agissait certes pas d’inclusion telle qu’on la pense aujourd’hui, et l’on ne sentait pas toujours à notre place dans les établissements qui nous accueillaient. Il n’était pas question que ces élèves soient inscrits comme élèves de l’école, ni participent aux apprentissages des autres (ou alors à petite dose et encadrés spécifiquement). Mais c’était une avancée cependant par la mise ne présence, en contact, dans des conditions protégées et encadrées, d’enfants handicapés avec des enfants dits ordinaires.

La qualification « externalisées » pour ces classes a émergé peu à peu, jusqu’à être officialisée dans les circulaires traitant des unités d’enseignement. L’injonction est aujourd’hui de multiplier ces dispositifs, pas seulement au sein des établissements spécialisés, mais de manière externalisée dans les établissements scolaires. Ils deviennent les supports d’une plus grande inclusion des élèves et d’une plus grande pratique inclusive de l’école. Ainsi sont légiférées les UEE, les unités d’enseignement externalisées, qui contribuent à côté des PIAL, les pôles inclusifs d’accompagnement localisés, à la scolarisation des enfants handicapés dans la nouvelle loi sur l’école de la confiance du 28 juillet 2019.

Il est curieux de constater que les unes sont externalisées et les autres localisés. Pourquoi donc les premières sont-elles externalisées, et pas simplement localisées ou internalisées ?

Le terme est paradoxal si l’on se place du point de vue des droits de l’enfant à aller à l’école, du point de vue du système éducatif pour tous. Le terme le plus approprié aurait été « internalisées ». Cela aurait manifesté une action, une dynamique d’inclusion d’éléments qui, étant « à l’extérieur », avaient droit ainsi à entrer dans l’ensemble école. Le mot aurait signifié l’annulation symbolique de leur place à l’extérieur, de l’exclusion, de la ségrégation par un accueil vers l’intérieur, vers l’inclusion, vers la participation sociale.

Au lieu de cela, a été retenu le terme « externalisées », qui décrit une autre réalité, un autre modèle en définitive, à défaut de décrire un objectif. Cette réalité est constituée du fait que ces enfants sont, de fait et peut-être de droit, à l’extérieur du système pour tous, et à l’intérieur de systèmes spécifiques et ségrégatifs. En conséquence, la dynamique n’est pas celle de l’inclusion à l’intérieur du système pour tous, mais celui du déplacement de leurs lieux d’appartenance et d’identification postulés a priori vers un lieu qui ne serait pas le leur. Ils sont externalisés de leur lieu (légitime ?) d’origine et d’affectation, comme on externalise un service dans une entreprise.

Parfois, les mots sont là pour masquer la réalité. Ici, le vocabulaire dévoile et cautionne une réalité d’exclusion et de ségrégation dans un discours d’inclusion. Il déclare que ces enfants ne relèvent quand même pas totalement de l’école, puisqu’ils appartiennent à des institutions desquelles il faut toutefois les sortir, dont il faut ouvrir les portes en quelque sorte.

Bien sûr, les engagements à multiplier le taux de scolarisation en UEE des enfants accueillis en établissement spécialisé va dans le bon sens. Mais il ne faut pas oublier que ces évolutions sont ancrées sur des immobilismes, validés par des choix lexicaux.

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