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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

lundi 2 septembre 2019

Inclusion et restriction de moyens

Inclusion et restrictions de moyens


Lorsque je fais des formations ou des conférences sur l’inclusion ou l’école inclusive, il ne manque jamais dans les débats ou discussions que quelqu’un n’objecte que l’inclusion est avant tout une manière de réduire les ressources et les moyens en faveur des personnes en situation de handicap. Et d’ailleurs, d’une manière plus générale, que les mesures publiques prises sous prétexte de progrès et d’amélioration de la situation de certaines catégories de populations ont des conséquences désastreuses en matière de ressources ou d’aides pour les plus démunis et de droits pour les plus vulnérables. Il faut bien avouer que les craintes sont légitimes à l’observation de ce qui se passe pour les chômeurs, les retraités et futurs retraités, les pauvres, etc.


En ce qui concerne les élèves en situation de handicap, les mises en œuvre de l’intégration, puis de l’inclusion et maintenant de la scolarisation inclusive, sont contemporaines de mesures de réduction budgétaires et des ressources de l’Education nationale et du secteur médico-social. Il faut toutefois remarquer que les réductions budgétaires furent antérieures au développement de l’inclusion.

Cette contemporanéité des deux phénomènes, développement de l’inclusion et diminution des dépenses publiques, met effectivement de la confusion. Et l’on passe facilement d’une simple corrélation temporelle à l’établissement d’une causalité : la diminution des dépenses publiques aurait pour conséquence et effet la mise en place de modalités inclusives, celles-ci étant réputées moins onéreuses, et inversement, l’inclusion serait l’un des outils de réduction des dépenses publiques.

On ne peut ignorer dans ce contexte le dessein délibéré et cynique de certains décideurs, politiques et technocrates, imbus de leurs expertises et de leurs certitudes idéologiques, d’utiliser l’inclusion comme un moyen de dépenser moins, indifférents à la qualité des accompagnements, chantres de la responsabilisation à tout prix de tous : l’inclusion est prônée à la mesure de la réduction des coûts et à l’aune d’une performance indexée elle aussi aux mêmes paradigmes économiques. Dans ces conditions, il y a lieu de se méfier des politiques inclusives, fussent-elle recouvertes d’un vernis d’autonomie, d’empowerment et d’accès aux droits.

Cette corrélation incestueuse entre inclusion (ou société inclusive) et réduction des ressources (et même de droits acquis ou conquis) produit des effets dévastateurs sur les perspectives inclusives. Celles-ci servent de repoussoir dans les tentatives désespérées des professionnels de maintenir une qualité d’intervention et d’accompagnement auprès de populations vulnérables (dont la vulnérabilité s’accroit dans ces conditions) et de donner un sens éthique à leur travail. Elles sont utilisées à contre-emploi : puisque l’inclusion n’est qu’un argument de restriction, il faut s’y opposer !

Pour de nombreux acteurs, en particulier les responsables de services, ce cynisme n’a pas cours. Il y a bien corrélation, mais dans une certaine dynamique. L’inclusion constitue un réel progrès dans la participation sociale, dans l’exercice et l’accès aux droits fondamentaux, dans l’autodétermination. D’autre part, par conviction ou par injonction, la « raison » conduit à l’adhésion aux principes d’économie dans les politiques publiques. Et cela tombe bien, l’inclusion génère des économies !

Cette malheureuse contemporanéité a aussi pour effet de pérenniser des modalités de travail, sans même s’interroger sur les enjeux de l’inclusion. Elle tient à distance la possibilité d’interroger les valeurs relatives aux pratiques inclusives d’accompagnement des personnes en situation de handicap. Elle crispe des résistances aux changements. Le « hold-up » réalisé sur l’inclusion par des décideurs soucieux avant tout d’économies produit un effet néfaste d’opposition à l’inclusion.

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