Droits et inclusion, soins et intégration
Le handicap peut être compris soit comme un problème
individuel et de santé, soit comme un problème social et d’accès aux droits,
les deux perspectives pouvant être autant complémentaires que contradictoires.
Lorsqu’on envisage le handicap uniquement sous l’aspect du
fonctionnement humain, même en y intégrant des facteurs contextuels, sous
l’influence de phénomènes de santé, on est tenté par la priorisation de la
compensation (réparation, rééducation, réadaptation, aides). L’intégration
scolaire si situe dans ce paradigme, dans la mesure où elle met la proximité ou
la conformité avec l’environnement ordinaire, obtenues après rééducation par
exemple, comme condition à la présence dans l’école pour tous.
Lorsqu’on envisage le handicap sous l’aspect du droit des personnes et que le handicap signifie une réduction de droits et de participation sociale sous l’effet de l’interaction dynamique entre une personne et son environnement, les réponses à la réduction du handicap se situent autant dans les possibilités des personnes que dans les modifications de l’environnement. Ainsi l’inclusion scolaire, ou mieux l’école inclusive, se propose de rendre accessible l’école (sur le plan matériel, mais aussi sur le plan pédagogique) aux caractéristiques de tous les élèves.
Le discours « médical », et le discours
défectologique qui lui est attaché, avec les notions d’incapacités et
d’incapacitation, constitue la porte ouverte au déni d’éducabilité. La
réparation, la réadaptation, la réhabilitation, le soin, ne sont pas des actes
relevant de l’éducabilité, c’est-à-dire de l’aptitude d’une personne à être
éduquée et à s’éduquer. Dans les établissements et services médico-sociaux,
c’est encore bien souvent la prééminence (y compris statutaire) de l’approche
médicale qui prévaut, et qui donne du sens à l’action : du soin, de la
rééducation, de la réadaptation avant l’éducation, y compris en termes de
scolarisation.
La réponse au besoin de soin, la réponse thérapeutique
s’impose bien souvent : la consultation, la séance d’orthophonie, la
rencontre avec le psychologue priment sur la présence en classe, se traduisant
pas un droit aux soins se positionnant face au droit à la scolarisation, et
s’imposant pour différentes raisons, pas toujours objectivées. Ainsi, par
exemple, les consultations médicales s’imposent dans le cadre de l’organisation
de la présence du médecin dans l’établissement et non dans le cadre d’un besoin
vital.
Il y a bien sûr de nombreuses raisons à la persistance de
cette omni présence et de cette prééminence de l’approche médicale, soignante,
curative dans les réponses à apporter aux personnes en situation de handicap.
Il s’agit du fruit d’une longue histoire dans laquelle les personnes en
situation de handicap étaient identifiées, assimilées, désignées, et réduites à
leur déficience, et à ce titre soignées et rééduquées. Mais il y aussi les
politiques publiques qui donnent à penser que les problématiques des personnes
handicapées sont une affaire de santé : le rattachement du secteur
médico-social (dans la terminologie le terme médico est premier) aux Agences
Régionales de Santé, ou l’entrée de la nomenclature de SERAFIN-PH par les
besoins de santé sont, à cet égard, des éléments d’immobilisme.
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