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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

lundi 8 avril 2019

"toutes nos caisses sont accessibles"

Toutes nos caisses sont accessibles"



J’ai vu, il y a peu de temps, cette affichette apposée aux caisses d’une grande surface spécialisée en articles de sports et de loisirs, avec donc cette indication : « Toutes nos caisses sont prioritaires », illustrée de deux logos, celui d’une personne handicapée en fauteuil, et celui d’une femme enceinte. Habituellement, dans les grandes surfaces, on trouve le plus souvent quelques caisses « prioritaires » pour les mêmes catégories de personnes.


On trouve là une illustration de la différence entre la notion de milieu inclusif (une société inclusive) et la simple inclusion (remplaçant quelque peu le mot intégration).

Dans le deuxième cas de figure, celui de l’intégration/inclusion, il existe de fait une certaine ségrégation : la population est divisée en catégorie, avec d’un côté les personnes « prioritaires » (personnes handicapées, femmes enceintes…) et de l’autre les personnes non prioritaires (tous les autres). Des services sont accessibles (aménagements éventuels, rapidité de passage…) à tous, mais plus particulièrement aux personnes catégorisées, les autres services excluant en principe ces dernières (manque d’aménagement, files d’attente…). Bref, dans le milieu concerné, les personnes sont dans une certaine forme d’égalité, mais sous condition de discrimination (positive en l’occurrence).

Dans la première situation (milieu inclusif), on se trouve dans la situation de l’accessibilité universelle : tous les services sont accessibles à tous. Il n’y a pas en principe dans une file des personnes handicapées et des femmes enceintes, et dans les autres files tous les autres clients. Chacun peut aller indifféremment dans chacune des caisses. Il reste à voir bien sûr comment réagissent les agents de caisse et les autres clients lorsque que se présente dans une file quelqu’un de très fatigable et qui aurait besoin d’être prioritaire. Mais en tout état de cause, il n’y a plus de discrimination (fût-elle positive), mais un principe de non discrimination qui met les personnes à égalité de fonctionnement par rapport à un milieu donné. Bien évidemment, l’accessibilité n’est pas complète, et ne répond pas à tous les besoins de toutes les personnes en situation de handicap (une personne sourde signante ne trouvera peut-être pas un agent de caisse signant).

Et je me prends à rêver : et si l’école affichait aussi à l’entrée, à côté de la devise républicaine Liberté, Egalité, Fraternité : « Toutes nos classes sont accessibles ». Accessibles à tous les élèves en situation de handicap, des élèves sourds, aveugles, avec une déficience motrice, avec une déficience mentale ou un trouble psychique, autistes, etc… Accessible pas seulement avec un plan incliné à l’entrée pour fauteuils, ou pour accéder à une ou deux salles. Mais accessibles pédagogiquement, véritablement accueillantes à tous les élèves, dans tous les lieux et dans toutes les classes. Pas seulement dans le local ou se trouve encore trop souvent relégué le dispositif ULIS ou le dispositif externalisé de l’établissement médico-social. Le dispositif « spécialisé » deviendrait alors un dispositif ressource, et les élèves en situation de handicap seraient d’abord et avant tout des élèves (et membres à part entière) de leur classe d’appartenance dans l’établissement scolaire. Ce qui veut dire bien évidemment accessibilité pédagogique et changements de fonctionnement dans chacune des classes.

On peut rêver non ?

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