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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

vendredi 1 mars 2019

le handicap n'est pas mort

Le handicap n'est pas mort


Ces dernières périodes ont vu des évolutions significatives dans la définition des concepts relatifs aux contenus qui sont liés à la notion de handicap : distinctions handicap/déficience, incapacités/déficiences, handicap/situation de handicap, approche par les droits humains… Dans cet ordre des choses, on pouvait penser, à l’appui en particulier de la classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé (CIH) ou encore plus du modèle de développement humain – processus de production du handicap (MDH-PPH), qu’il n’était plus permis de confondre, ni en pensée, ni en action, ni en intervention, un handicap avec une situation vécue par une personne en « situation de vie ».

Mais encore aujourd’hui, lorsqu’on parle de handicap, bien souvent, il y a un implicite : le handicap appartient à la personne en raison de sa déficience, et pour peu, il y a encore équivalence entre déficience et handicap. Quand on évoque une situation de handicap, on considère l’interaction entre une personne et ses caractéristiques (dont sa déficience) et l’environnement dans lequel elle vit (et son accessibilité ou non), pour déterminer s’il y a une situation de participation sociale ou une situation de handicap.

Malgré ces avancées conceptuelles, les assimilations entre déficience et handicap demeurent profondément ancrées. Sinon comment expliquer qu’un ouvrage qu’on pourrait qualifier dans le domaine de la « vulgarisation savante » sur le handicap, puisse encore avancer des définitions, des concepts, des représentations, des préconisations, des modes de pensée, antérieurs aux définitions actées par la recherche, les organismes internationaux et les personnes handicapées elles-mêmes. L’ouvrage de Pierre Rabischong, Le handicap (Que sais-je ?, 1ière édition 2008, 3ième édition 2015), éminent spécialiste du handicap, puisse tomber dans ce piège ? Pourtant l’auteur connait très bien les débats conceptuels qui ont eu lieu depuis 50 ans : il décrit de manière remarquable d’ailleurs l’histoire de la naissance du concept de handicap et les débats sur les classifications.

« La notion de handicap, nous dit l’auteur, qui a évolué avec le temps, a besoin d’être définie avec ses trois volets : déficience, incapacité et handicap. » Mais cette définition est précisément, dans ses termes mêmes, celle qui a été produite au début des années 1980 par le Dr Ph. Wood, et qui a formé la trame de la Classification internationale des handicaps : déficiences, incapacités et désavantages (CIH). Or cette approche a été vivement critiquée dès le départ et a donné lieu soit à des révisions (CIF), soit à des modèles alternatifs (MDH-PPH). L’ouvrage de Rabischong, tout en n’ignorant pas l’existence de ces évolutions, n’en tient pas compte.

De même, les mots-clés qu’il retient de l’ensemble de ces évolutions sont : « la déficience ; la capacité fonctionnelle ; l’environnement psycho-social, qui amplifiera ou réduira les conséquences de l’atteinte pathologique ; la compensation. » Nulle part, il n’est question d’accessibilité, d’obstacles environnementaux, ou d’intervention sur l’environnement, etc.

Que le handicap (« handicapé ») doive désigner un statut administratif de catégorisation de certaines populations ne doit pas être prétexte à assimiler un statut (une carte d’identité) à une identité et à des situations vécues par des personnes dans des environnements qui sont susceptibles de réduire ou accentuer les situations de handicap. Et pourtant la notion de handicap, en tant que définition de la situation d’une personne, n’est pas morte. « Probablement aurons-nous aussi à abandonner, dans un avenir plus ou moins proche, le terme handicap, qui fait certainement partie des concepts émoussés, sinon épuisés, qui continuent à vivre, en entretenant des confusions, ou une stigmatisation et en légitimant des exclusions. Mais faudra-t-il le remplacer ? » (Charles Gardou, L’inclusion parlons-en, 2012, p.83)

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