biographie

Ma photo
Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

mercredi 21 novembre 2018

pathologie et situation de handicap

Pathologie et situation de handicap


Si tout le monde peut aujourd’hui convenir que situation de handicap et situation pathologique ne sont pas synonymes, la distinction n’est pas toujours évidente dans nos réactions et représentations quotidiennes. Lorsqu’on pense par exemple que le fait de soigner la pathologie est une manière (et parfois la seule) de « soigner » la situation de handicap, on identifie d’une certaine façon (situation de) pathologie) et (situation de) handicap.


La pathologie est définie aujourd’hui, par abus de langage (la pathologie est une spécialité médicale), comme un synonyme de maladie, de dysfonctionnement. Relativement à la notion de handicap, il s’agit de déficience, qui correspond « au degré d’atteinte anatomique, histologique ou physiologique d’un système organique » (définition de la classification internationale du Processus de Production du Handicap).

Mais qu’est-ce qu’une pathologie ? C’est l’objet de toute la réflexion du philosophe Georges Canguilhem (Le normal et la pathologique, 1966). Il définit ainsi de « normales » les constantes humaines en tant qu’elles désignent les caractères moyens et les plus fréquents des cas observables, au sens statistique. Et il définit les écarts avec de telles normes par le terme anomalie, comme le fait d’une variation individuelle. Mais dit-il, « diversité n’est pas maladie. L’anomal n’est pas le pathologique ». Et ajoute-t-il, « dès que l’étiologie et la pathologie d’une anomalie sont connues, l’anomal devient pathologique… Quand l’anomalie est interprétée quant à ses effets, relativement à l’activité de l’individu, et donc à la représentation qu’il se fait de sa valeur et de la destinée, l’anomalie est infirmité ».

Autrement dit, ce qui nous apparait comme une pathologie absolue est une autre manière d’avoir une expérience du monde et un rapport à celui-ci. « Il n’y a pas de frontière absolue entre les deux notions : le pathologique n’est pas essentiellement différent, encore moins opposé au concept de normal. Il fait simplement référence à d’autres normes de vie. » A. Chabert (Transformer le handicap, 2017)

Qu’est-ce qu’une situation de handicap ? « Une situation de handicap correspond à la réduction de réalisation ou à l’incapacité à réaliser des habitudes de vie, résultant de l’interaction entre les facteurs personnels (les déficiences, les incapacités et les autres caractéristiques personnelles) et les facteurs environnementaux (les facilitateurs et les obstacles » (Classification internationale du Processus de production du handicap).

Si l’on met en regard la notion de situation pathologique (telle que la conçoit G.Canguilhem) et la notion de situation de handicap, l’individu en situation de handicap, écrit A. Chabert « ne serait donc pas nécessairement dans une situation pathologique : il serait plutôt le détenteur d’une autre normalité qui n’est pas nécessairement une norme restreinte mais bien davantage une normalité différente, si l’on compare les performances qu’elle implique dans la vie ordinaire d’un milieu donné avec la normalité sociale ou statistique de ce même milieu. »

Il est par conséquent très important de ne pas faire de confusion entre les résultats du soin d’une pathologie et les résultats du « traitement » d’une situation de handicap : il ne s’agit ni des mêmes objectifs, ni des mêmes interventions, ni des mêmes représentations.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire