biographie

Ma photo
Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

mercredi 27 juin 2018

la médicalisation, obstacle à l'inclusion

La médicalisation, obstacle à l'inclusion


« L’inclusion scolaire » présuppose que l’école s’adapte aux caractéristiques des élèves, soit en ciblant particulièrement ses besoins (inclusion scolaire), soit en ayant, par anticipation, des pratiques (pédagogiques et/ou d’accompagnement) destinées à tous les élèves (accessibilité universelle et école inclusive). Aujourd’hui, ce mouvement inclusif rencontre des obstacles à sa mise en œuvre. L’un des obstacles tient à la persistance d’une réponse centrée sur une approche médicale de la situation des élèves. 

Pour les enfants qui rencontrent des difficultés dans les apprentissages, la demande d’un diagnostic médical et du traitement médical ou paramédical à suivre est aujourd’hui un « réflexe » professionnel qui se rencontre de plus en plus souvent. Les difficultés scolaires qui se déclinent maintenant en « troubles des apprentissages » après avoir égrené la litanie des « dys » avec la légitimité du sceau médical en est un exemple frappant. Les conditions mises à la scolarisation des enfants handicapés, en particulier une formation approfondie des déficiences et incapacités, en sont un autre exemple. L’attribution d’un phénomène de perturbation d’un ordre scolaire à un trouble psychologique ou psychique d’un enfant pourrait aussi illustrer cette approche.

Cette médicalisation des problèmes rencontrés par des élèves dans leurs apprentissages a pour effet d’externaliser tout ou partie des réponses en dehors de l’école, auprès d’experts de la déficience ou des incapacités, et par conséquent d’autoriser l’école et ses professionnels à se « défausser » de la préoccupation des élèves en trop grande difficulté, quelle qu’en soit l’origine.

C’est ce que met en évidence un rapport du Conseil supérieur de l’éducation du Québec (Pour une école riche de tous ses élèves, s’adapter à la diversité des élèves, octobre 2017), en consacrant 16 des 66 pages de l’état de la situation à la problématique de la « médicalisation des difficultés scolaires », et en identifiant cette problématique comme un des obstacles au développement de l’école et de la démarche inclusives.

De nombreux extraits de ce rapport s’appliqueraient à la situation française. En voici quelques-uns.
« Tout d’abord, bien que cela ne soit pas propre au Québec, la gestion de la diversité des besoins éducatifs au sein des établissements scolaires québécois apparaît encore marquée par l’approche centrée sur l’individu et sur la notion de déficit. Ainsi, malgré l’intention de s’en affranchir, le classement des élèves en vue de l’obtention d’un service apparaît encore largement déterminé en fonction de critères médicaux ou psychologiques. » (p.18)

« Par ailleurs, l’approche médicale des difficultés scolaires à travers les catégories de difficultés définies en grande partie par les professionnels de la santé (médecins, psychologues, pédopsychiatres) a pour conséquence d’externaliser les difficultés scolaires. Le personnel enseignant dirige les élèves vers ces professionnels pour obtenir un diagnostic et, par la suite, vers les orthopédagogues, les travailleurs sociaux, les orthophonistes et les psychologues pour une intervention plus spécifique auprès de ces jeunes. Le personnel enseignant est en quelque sorte dépossédé de son rôle d’expert de l’enseignement et de l’apprentissage ; parfois même, des solutions lui sont plus ou moins « prescrites ». Une fois [le diagnostic] établi, il est demandé à l’enseignant d’adapter son enseignement et son évaluation en vertu des recommandations spécifiques souvent contenues dans des brochures développées en collaboration avec des enseignants par des spécialistes des différents troubles qu’elles concernent. » (p.25)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire