La médicalisation, obstacle à l'inclusion
« L’inclusion scolaire » présuppose que l’école
s’adapte aux caractéristiques des élèves, soit en ciblant particulièrement ses
besoins (inclusion scolaire), soit en ayant, par anticipation, des pratiques
(pédagogiques et/ou d’accompagnement) destinées à tous les élèves
(accessibilité universelle et école inclusive). Aujourd’hui, ce mouvement inclusif rencontre des obstacles à
sa mise en œuvre. L’un des obstacles tient à la persistance d’une réponse
centrée sur une approche médicale de la situation des élèves.
Cette médicalisation des problèmes rencontrés par des élèves
dans leurs apprentissages a pour effet d’externaliser tout ou partie des réponses
en dehors de l’école, auprès d’experts de la déficience ou des incapacités, et
par conséquent d’autoriser l’école et ses professionnels à se
« défausser » de la préoccupation des élèves en trop grande
difficulté, quelle qu’en soit l’origine.
C’est ce que met en évidence un rapport du Conseil supérieur
de l’éducation du Québec (Pour une école riche de tous ses élèves, s’adapter à
la diversité des élèves, octobre 2017), en consacrant 16 des 66 pages de l’état
de la situation à la problématique de la « médicalisation des difficultés
scolaires », et en identifiant cette problématique comme un des obstacles
au développement de l’école et de la démarche inclusives.
De nombreux extraits de ce rapport s’appliqueraient à la
situation française. En voici quelques-uns.
« Tout d’abord,
bien que cela ne soit pas propre au Québec, la gestion de la diversité des
besoins éducatifs au sein des établissements scolaires québécois apparaît
encore marquée par l’approche centrée sur l’individu et sur la notion de
déficit. Ainsi, malgré l’intention de s’en affranchir, le classement des élèves
en vue de l’obtention d’un service apparaît encore largement déterminé en
fonction de critères médicaux ou psychologiques. » (p.18)
« Par ailleurs,
l’approche médicale des difficultés scolaires à travers les catégories de
difficultés définies en grande partie par les professionnels de la santé
(médecins, psychologues, pédopsychiatres) a pour conséquence d’externaliser les
difficultés scolaires. Le personnel enseignant dirige les élèves vers ces
professionnels pour obtenir un diagnostic et, par la suite, vers les
orthopédagogues, les travailleurs sociaux, les orthophonistes et les
psychologues pour une intervention plus spécifique auprès de ces jeunes. Le
personnel enseignant est en quelque sorte dépossédé de son rôle d’expert de
l’enseignement et de l’apprentissage ; parfois même, des solutions lui sont
plus ou moins « prescrites ». Une fois [le diagnostic] établi, il est demandé à
l’enseignant d’adapter son enseignement et son évaluation en vertu des
recommandations spécifiques souvent contenues dans des brochures développées en
collaboration avec des enseignants par des spécialistes des différents troubles
qu’elles concernent. » (p.25)
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