Participation et expression des besoins
L’une des conditions du développement de la scolarisation
des jeunes handicapés dans une perspective inclusive est que leurs
interlocuteurs scolaires (enseignants et administration des établissements
scolaires) puissent connaitre leurs besoins et leurs ressentis. La formation
des acteurs sur la question du handicap et de l’accès aux droits des personnes
handicapées constitue un volet crucial de cette connaissance.
Cette prise de parole, qui demande peu de moyens, est loin
d’être utilisée à la hauteur souhaitable. Certes les élèves handicapés peuvent
s’exprimer sur la situation d’inclusion lors de certaines instances, les
conseils d’enfants ou les conseils de classe par exemple. Mais leur parole
reste marginale, périphérique au projet de l’établissement scolaire, et ne
surgit bien souvent que lorsqu’il y a un problème, rarement par anticipation.
Des modalités de délibération et de rencontres seraient pourtant tout à fait
envisageables et pertinentes pour rendre plus inclusif l’établissement scolaire.
Ce sont parfois les modalités mêmes des dispositifs de
scolarisation inclusive qui empêchent la prise en compte de l’expression de
cette parole en tant que contribution à la philosophie inclusive.
Dans les modalités d’externalisation des unités d’enseignement
dans un établissement scolaire, les personnels médico-sociaux sont en général
assez nombreux. Ils effectuent, souvent pour de bonnes raisons, parfois
inconsciemment pour de « mauvaises » raisons, la médiation entre le
milieu ordinaire et le dispositif spécialisé. Dans ce contexte, les jeunes
prennent bien la parole, on la leur donne volontiers (surtout quand il s’agit
des dysfonctionnements de l’inclusion). Mais cette parole est adressée à leurs
encadrants spécialisés, charge à ceux-ci de les transmettre à qui de droit dans
l’établissement scolaire. Les effets concrets sont quasiment les mêmes (quoique
souvent une demande transmise institutionnellement n’a pas les mêmes effets
qu’une demande exprimée directement par un usager/client/élève).
Mais la symbolique philosophique et éthique n’est pas la
même : utilisant des médiateurs, les élèves sont placés en quelque sorte à
la frontière de l’établissement scolaire, comme une « institution
partenaire ». Faire partie de l’établissement scolaire exigerait qu’ils
s’adressent directement, individuellement ou mieux collectivement, aux
responsables de l’établissement scolaire, qu’ils ne fassent pas comme s’ils
avaient d’autres responsables que ceux de l’établissement scolaire. La
philosophie inclusive pâtit de cette médiation obligée de spécialistes et
d’institution spécialisés, et autorise à ne pas mettre concrètement l’inclusion
comme partie prenante du projet d’établissement.
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