biographie

Ma photo
Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

jeudi 7 novembre 2024

l'autonomie c'est l'accessibilité

L'autonomie c'est l'accessibilité

Bien souvent, lorsque des professionnels de l’accompagnement parlent d’autonomie (nous allons laisser pour l’instant de côté la notion d’autodétermination, plus complexe et plus écosystémique), ils font référence en premier au développement des capacités de la personne, de ses habiletés, de ses compétences, dont l’issue serait d’atteindre le degré d’autonomie (confondue parfois avec indépendance) le plus proche possible de celui des personnes concernées. Il s’agirait en quelque sorte de définir l’accompagnement comme une aide au développement personnel. Cette conception de l’autonomie, largement partagée, renvoie en réalité à l’ancienne approche du handicap, qui attribuait celui-ci aux carences de la personne (déficiences, troubles incapacités : « pas de bras, pas de chocolat »), analysées en termes de besoins qu’il s’agissait de satisfaire (ou de combler) par des soins, des traitements, des rééducations et des compensations.

Mais l’autonomie n’est pas que le produit d’un changement, d’un travail, d’un effort de la personne concernée sur ses caractéristiques. L’entrainement, le surpassement (ah les personnes handicapées, ces héros !), l’héroïsme de la volonté, ne font pas l’autonomie. Imaginons une femme qui décide un jour d’aller s’acheter des vêtements dans une boutique plutôt luxueuse. De toute personne qui prend une telle décision, on dira qu’elle est autonome : elle fait des choix, elle prend des décisions qui le concernent. Mais bien sûr l’environnement se rappelle à elle : elle n’a pas les ressources financières suffisantes pour s’acheter des vêtements de luxe. L’environnement met des limites à son autonomie. Ou encore, elle se déplace en fauteuil roulant mécanique (poussé par un aidant). L’aidant n’est pas disponible, ou la boutique est située en hauteur à quelques marches. Dans ces circonstances, l’environnement met des obstacles, empêche la personne d’être autonome, d’être en capacité d’aller au bout de ses choix. L’autonomie de la décision est réduite à néant par les obstacles de l’environnement. La mise en accessibilité de l’environnement (ressources financières suffisantes, présence d’un aidant, aménagement par ascenseur ou plan incliné) rend possible l’exercice de l’autonomie.

Cet exemple est évidemment trop simple pour être emblématique de la résolution de la question de l’autonomie par des situations d’accessibilité. Ceci étant, il est emblématique de l’ignorance du recours à l’accessibilité pour réponse au manque d’autonomie, ou plutôt de sa difficulté de réalisation. « L’entrainement » éventuel à l’autonomie par le développement des caractéristiques corporelles et des caractéristiques d’aptitudes et de capacités ne vaudra pas lorsqu’il n’y a pas d’ascenseur par exemple. On aura beau leur demander tous les efforts possibles, si le monde qui les entoure est fait pour des personnes valides, leur autonomie n’adviendra pas.

L’autonomie (et on pourrait en dire autant de l’autodétermination) est un critère de la qualité de vie d’une personne. Elle ne dépend pas que d’elle, de son auto-développement, de sa situation physique, psychologique ou mentale. Mais également des conditions dans lesquelles la personne pourra exercer son autonomie, des environnements physiques et sociaux, personnels et sociétaux qui seront ou non favorables à l’exercice de l’autonomie des personnes. En rendant les personnes concernées responsables de leur autonomie, on prend le risque de les rendre aussi responsables de leur absence d’autonomie, les assimilant facilement à des assistés. La prise en considération de cette interaction entre les structures de l’environnement et les caractéristiques personnelles coupera court à cette tendance contemporaine à normer la valeur humaine sur des valeurs et des critères que tous (et pas seulement des personnes en situation de handicap) ne sont pas en mesure ou en condition d’atteindre. C’est pour cette raison que l’on peut affirmer que l’autonomie, la mise en œuvre vivante de l’autonomie d’une personne, est bien souvent conditionnée par des mesures d’accessibilité.

Télécharger l'article

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire