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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

mercredi 23 août 2023

pour en finir avec les (fausses) situations de handicap

Pour en finir avec les (fausses) situations de handicap

La formulation « personne en situation de handicap » semble avoir eu gain de cause, et supplante progressivement, mais rapidement semble-t-il, les termes « personne handicapée » ou « handicapé ». Elle apparait moins stigmatisante, plus respectueuse, plus écosystémique, peut-être même plus ouverte à des facteurs autres que ceux appartenant à la personne, tels que les facteurs environnementaux. On voit ainsi des organisations modifier les noms, titres, appellations et raisons d’être en utilisant cette nouvelle formulation. Celle-ci se retrouve également dans la communication publique, réglementaire ou médiatique.

Mais « chassez le naturel, il revient au galop ».

Les bonnes intentions ou les opportunités d’une telle formulation sont balayées par la propension générale à la compléter par un qualificatif qui affirme la négation même de la formulation. Lorsque l’on ajoute à cette formulation les qualificatifs comme sensoriel, moteur, intellectuel, psychique…, on qualifie une situation de vie au seul regard des caractéristiques déficitaires des personnes. C’est ainsi que les organismes qui ont modifié leur vocabulaire n’ont pas manqué de rajouter ces qualificatifs pour désigner les personnes qu’ils accompagnent : « pour personnes en situation de handicap sensoriel », « pour personnes en situation de handicap intellectuel », etc. Les qualificatifs ajoutés ne qualifient pas les situations vécues par les personnes (ce qu’induit pourtant le terme situation), mais les caractéristiques des personnes. Les caractéristiques des personnes deviennent ainsi les « causes » du handicap.

Ce tour de passe-passe sémantique cache, par un discours mainstream, l’ancrage résolument cristallisé d’une approche individuelle et biomédicale. Cette approche, qu’on tente aujourd’hui de masquer par de nouvelles formulations, n’en est pas moins bien présente, en témoigne ces qualificatifs qui y sont résolument attachés. Les situations de handicap continuent à être attachées au fonctionnement des personnes, non comme le résultat des rapports entre une personne avec telle ou telle caractéristique et un milieu (un environnement) qui est susceptible de mettre des obstacles à la participation sociale de cette personne. Si une personne ne peut pas prendre le métro à Paris, ce n’est parce qu’elle a une déficience motrice, c’est parce que le métro n’est pas adapté à des personnes qui se déplacent en fauteuil : c’est ce qui définit une situation de handicap en ce qui concerne les déplacements de certains citoyens.

Il ne s’agit pas là d’une incompréhension volontaire de la notion de situation de handicap, sauf peut-être pour quelques manipulateurs n’envisageant de changements qu’au niveau du langage sans entamer le réel. C’est la projection d’anciennes représentations sur un nouveau langage : l’approche individuelle biomédicale, qui se traduisait auparavant par les termes de déficience, incapacités, dysfonctionnements, troubles…, se traduit aujourd’hui par la formulation de situation de handicap, à laquelle on ajoute un qualificatif qu’on a puisé dans les caractéristiques individuelles biomédicales.

Une situation de handicap ne désigne ni une personne, ni une catégorie de personnes. Elle désigne un moment de la vie (au travail, à l’école, dans l’espace public, à la maison, etc) qui est empêché pour une personne, parce que l’environnement de ce moment de vie n’est pas fait pour elle, avec les caractéristiques qu’elle a. C’est pour cette raison qu’il est abusif de rajouter des qualifications capacitaires/incapacitaires à la notion de situation de handicap. Et que l’on trompe son public en utilisant la formulation situation de handicap quand on ne parle que du handicap (sensoriel, intellectuel, moteur, psychique…) d’une personne. Ou alors parlons aussi de situation de participation sociale sensorielle, intellectuelle, psychique, motrice…

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