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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

mardi 21 mars 2023

faire disparaitre l'inclusion ?

Faire disparaitre l'inclusion ?

Evoquer (invoquer ?) à tout va l’inclusion, n’est-ce pas faire le constat que l’école n’est pas inclusive ? S’il faut cibler une population pour la mettre dans le système, à l’appui de textes, de dispositifs, de formations, d’obstacles de tous ordres, c’est que la présence de ces enfants à l’école n’est pas acquise, n’est pas légitime. Certains des acteurs de l’école (administration et enseignants) considèrent encore que des enfants ayant les caractéristiques du handicap n’ont pas leur place dans leur classe, qu’il y a des établissements spécialisés pour eux. D’autres pensent que les difficultés que les enfants rencontrent ne sont pas de leur ressort pédagogique et qu’elles relèvent de spécialistes paramédicaux en mesure de soigner ces enfants. Les craintes que la présence de tels enfants dans les classes ne fasse baisser le niveau, qu’ils souffrent dans les classes ordinaires, la considération qu’ils « seraient mieux ensemble », attestent que l’idée d’inclusion, si elle a progressé dans les esprits, est loin d’être unanimement partagée. En témoignent aussi tous les « couacs » de l’inclusion de fait dans les écoles : refus d’élèves, absences d’AESH, incitation d’orientations vers les IME, etc.

Il y a deux manières de faire disparaître l’inclusion : la première consiste à maquiller une réalité non inclusive par un vocabulaire inclusif, en changeant par conséquent le sens des mots. Faire disparaitre l’inclusion en parlant d’inclusion. Le rappel constant à l’inclusion et à une école inclusive, comme perspective autant que comme état de fait, fonctionne ainsi comme un slogan décroché des réalités qui restent pérennes. A défaut de modifier le système éducatif dans son organisation et sa pédagogie (seule condition nécessaire pour faire advenir l’inclusion), on fait disparaitre les réalités d’une inclusion quelque peu ratée, en détournant le sens des mots par expansion de leur signification. Ainsi, des dispositifs dits d’inclusion (par exemple les ULIS ou les UEE) ne sont-ils autre chose que des dispositifs d’intégration ou de ségrégation, maquillés par le changement de sens des mots. Les chiffres officiels présentent un développement exceptionnel de la scolarisation des élèves en situation de handicap : ceux qui relèvent d’un dispositif spécialisé comme l’ULIS sont comptabilisés en classe ordinaire pour peu qu’ils rejoignent a minima une classe de référence ; ceux orientés en établissement spécialisé sont considérés comme scolarisés dès lors qu’une convention UEE est signée, et quelles que soient les conditions réelles de scolarisation. La gymnastique sémantique fait disparaitre les réalités d’une non inclusion.

La seconde manière de faire disparaitre l’inclusion consiste(rait) à modifier le système de telle sorte qu’il ne soit plus nécessaire de faire appel à la notion d’inclusion. En effet, lorsque l’école accueillera, par principe et de fait, à égalité de droits et de qualité d’accompagnement, tous les élèves, quelles que soient leur caractéristiques, elle sera inclusive de fait. Et le concept/objectif d’inclusion sera une évidence sociale. La question ne serait plus celle de l’élève en situation de handicap en classe, mais celle des moyens à mettre en œuvre pour qu’il ait un enseignement de qualité, comme chacun des autres élèves. Dans ces conditions, la place d’un tel élève ne serait pas plus problématique que celle de n’importe quel élève, quelles que soient les caractéristiques de celui-ci.

Il est aujourd’hui encore convenu de programmer des classes spécialisées pour des élèves en situation de handicap. Serait-il convenable de programmer des classes spécialisées pour des enfants qui auraient des caractéristiques particulières de couleur de peau ou d’orientation sexuelle ? Non ! Eh bien, lorsque les élèves en situation de handicap seront aussi naturellement/évidemment accueillis dans les classes « ordinaires », il n’y aura plus lieu d’utiliser nombre de formulation incantatoires à l’inclusion. L’existence des classes spécialisées pour enfants en situation de handicap deviendra aussi aberrante que celle pour enfants de couleur ! 

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