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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

mercredi 15 mars 2023

situation de handicap pédagogique

Situation de handicap pédagogique

Les évolutions lexicales que l’on peut observer, substituant les termes « situation de handicap » à celui de « handicap » ne sont pas sans ambiguïtés. En témoigne l’utilisation d’expressions comme « situation de handicap sensoriel » ou « situation de handicap intellectuel », attribuant en définitive les attributs de la situation aux caractéristiques de la personne (capacités/incapacités sensorielles, intellectuelles). Et non, comme l’établit la notion même de situation, comme un phénomène ou un événement à l’intersection, à l’interaction entre les caractéristiques d’une personne et les caractéristiques de l’environnement dans lequel elle vit. Celui-ci peut être un obstacle, ou au contraire un facilitateur, dans la réalisation d’une activité personnelle ou sociale, d’une situation ou d’une habitude de vie.

Je peux me retrouver en situation de handicap lorsque je veux me déplacer, me préparer à manger, faire mes apprentissages scolaires, avoir un travail, aller voter, etc…Certains environnements peuvent ne pas présenter d’obstacles lorsque j’ai telle ou telle caractéristique, et en présenter lorsque j’ai telle ou telle autre. On voit bien que dans l’analyse d’une situation de vie, ce n’est pas la sensorialité, ou les capacités intellectuelles qui peuvent constituer à elles seules la situation de handicap, mais leur rapport à comment est fait l’environnement. Comment il permet ou non d’exercer une activité ou une habitude de vie. La notion de situation de handicap caractérise par conséquent, non une personne (« situation de handicap sensoriel ») pas davantage un environnement (« situation de handicap géographique » ! ), mais la mise en rapport entre les deux dans la vie d’une personne : je ne peux pas aller au cinéma (mon habitude de vie de loisirs) parce que la salle ne dispose pas d’aménagements (environnement) et que je me déplace en fauteuil (moi).

C’est à ce titre qu’on peut parler de situation de handicap pédagogique à l’école. Tous les élèves ont des particularités sociales, physiques, psychiques, mentales…, chacun les siennes. L’école a un certain fonctionnement pédagogique, comme par exemple des programmes et progressions annuelles, des classes de niveau, des modalités d’apprentissages, d’exercices et d’évaluation, des rythmes, des interrelations autorisées, etc. Le fonctionnement, ou certaines de ses modalités, ne convient pas à certaines particularités de certains élèves, et parmi ceux-ci, de ceux qui ont des particularités physiques ou psychiques qui les catégorisent comme enfants handicapés. Lorsqu’il y a un hiatus entre le fonctionnement de l’école et les particularités d’un élève, on peut parler d’une situation de handicap dans le domaine pédagogique.

Car c’est bien dans une situation de vie, la vie d’élève, que se produit une situation de handicap : l’élève et l’école ne sont pas adaptés l’un à l’autre. Mais ce n’est pas à l’élève seul qu’on peut attribuer la situation de handicap. Dans d’autres situations de vie (par exemple : faire sa toilette, jouer au foot, prendre son repas…), l’enfant qui a une déficience auditive en rencontrera pas de situation de handicap, il ne peut être ontologiquement « en situation de handicap sensoriel ». Mais à l’école, oui, il sera en situation de handicap pédagogique.

On peut rêver ! Rêver que des expressions comme « situation de handicap sensoriel » n’aient plus cours, ni dans les discours, ni surtout dans les représentations. Rêver que, s’il faut encore utiliser le mot « handicap », on parle plutôt de situation de handicap pédagogique à l’école, de situation de handicap au travail, dans la vie quotidienne, dans la relation aux autres, etc, sans avoir à spécifier les caractéristiques de la personne concernée. Ce qui permet de se soustraire à la pression mise sur la personne pour ne plus être handicapée et à sa responsabilité dans l’identification de la situation de handicap, et d’agir sur l’évolution des environnements en termes d’accessibilité et d’inclusion.

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