biographie

Ma photo
Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

lundi 13 décembre 2021

persistance de l'approche bio-médicale du handicap

Persistance de l'approche bio-médicale du handicap

« Changeons de regard » martèle la campagne de communication du gouvernement (octobre 2021) afin de donner une meilleure place dans la société aux personnes en situation de handicap, afin de faire advenir une société inclusive. En effet, un changement de regard favoriserait certainement les représentations négatives sur les personnes handicapées (des personnes de moindre « valeur » que les personnes valides) pour instituer une approche centrée sur la diversité humaine d’égale valeur quelles que soient ses caractéristiques, et par conséquent des fonctionnements sociaux permettant de façon effective leur participation sociale et l’accès aux droits de tous. Mais un changement de regard ne se fait pas hors contexte, sur des principes éthérés de bienveillance, voire de charité. Le regard, les représentations sont ancrées dans un système social qui dépasse et détermine les individus.

L’approche bio-médicale, qui associe le handicap à la déficience, à la maladie, aux troubles, qui fait du handicap un problème de santé et non un problème social, contribue à forger ces regards. Or la France, comme l’indiquent les rapports de la commission sur les droits des personnes handicapées de l’ONU, reste ancrée sur cette approche bio-médicale. Ce n’est pas spontanément que le public adhère à une telle approche, même si celle-ci est facile à comprendre et assimiler en raison de son caractère de simplicité et de causalité : la déficience est cause des incapacités, causes elles-mêmes de désavantages sociaux, c’est-à-dire de handicap.  Et même si cette approche est un héritage archaïque de notre rapport aux personnes en situation de handicap.

Il y a aussi, et peut-être surtout, que les choix politiques faits depuis quelques décennies institutionnalisent toujours cette approche bio-médicale, à rebours des approches choisies par la plupart des pays occidentaux. La loi du 2 février 2005 définit le handicap comme une situation subie en raison de caractéristiques biologiques ou physiques. Subie, c’est-à-dire que c’est bien en raison d’ « altération substantielle, durable ou définitive… » chez la personne que l’on peut qualifier un handicap. Loin d’une approche sociale ou écosystémique qui considère le fonctionnement de l’environnement comme un facteur de production du handicap d’une personne.

A partir de là, toute l’inspiration des politiques publiques conduit à des organisations, des décisions, une administration mettant le handicap sous le pilotage de problématiques de santé. Même si le secrétariat aux personnes handicapées est rattaché depuis quelques années au Premier ministre, toute l’administration, laquelle met en œuvre les politiques en question, reste sous la responsabilité du ministère de la Santé. Depuis 2009, le secteur médico-social est sous administration des ARS (Agence Régionale de Santé), ce qui n’est pas sans donner une certaine couleur sanitaire aux préoccupations du secteur. C’est la Haute Autorité de Santé (HAS) qui produit les référentiels de bonnes pratiques, non seulement en ce qui concerne les soins, mais en ce qui concerne toutes les problématiques d’habitudes de vie des personnes en situation de handicap (type d’éducation, bonnes pratiques professionnelles dans tous les domaines) : là aussi les contenus produits ne sont pas neutres, ou issus d’une approche alternative, mais colorés par une approche sanitaire, même si celle-ci veut embrasser des problématiques larges. Les recherches privilégiées et financées prioritairement concernent davantage les déficiences ou les troubles (à travers les projets de l’INSERM ou des laboratoires de psychologie cognitive) que l’identification des situations de handicap selon des approches pluridisciplinaires. Conduisant par exemple à considérer quasi systématiquement les difficultés à l’école comme des troubles, sans considérer les effets du fonctionnement de l’école sur certains apprentissages.

Dans ces approches bio-médicales, la question de l’adaptation de la société (l’accessibilité) aux caractéristiques des personnes en situation de handicap ne se pose pas, pas plus que celle de leurs droits à pouvoir avoir des activités comme et avec tout le monde. Une telle approche constitue un véritable obstacle à une société inclusive.

Télécharger l'article

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire