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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

lundi 9 décembre 2019

à quoi s'oppose l'inclusion ?

A quoi s'oppose l'inclusion ?


On tente de définir la plupart du temps la notion d’inclusion en lui attribuant des contenus positifs et constructifs : en quoi consiste-t-elle, quelles en peuvent être ses manifestions ? Une autre manière de la définir est de le faire par contraste, c’est-à-dire en cherchant quels sont ses opposés, ses contraires. En s’interrogeant sur cette question, on trouve en réalité deux oppositions : l’inclusion est d’une part le contraire de l’exclusion, d’autre part le contraire de l’intégration.


L’exclusion serait dans cette configuration le contraire, par antonymie, de l’inclusion. Elle se manifesterait par des caractéristiques de non participation sociale, de désaffiliation, de rejet aux marges de la société, d’ostracisme et de disqualification sociale, etc., dans la « misère du monde » (Bourdieu et al., 1993). Mais l’inclusion a aussi pour contraire l’intégration, dans la mesure où celle-ci a été pensée et organisée sous les auspices de l’assimilation.

Dans les deux cas, il y a instauration de limites qui distingue les « eux » et « nous ». Barrières fixes et immuables en ce qui concerne l’exclusion, barrières qu’il s’agit de franchir dans la définition de l’intégration / assimilation. Dans cette dernière configuration, s’instaure ainsi, écrit Y. Pillant (Les cahiers de l’actif, mars 2016) « un double processus : d’un côté une catégorisation discriminante de ce qui parait différent, de l’autre un renforcement du semblable présumé capable de résorber les différences, d’assimiler. » Et poursuit-il : « La logique intégrative est centrée sur l’individu différent eu égard à un ensemble de normes envisagées comme partagées par le plus grand nombre. Il s’agit alors d’aider cet individu à s’adapter aux normes et valeurs dominantes de la société. Dans ce cadre, celui qui veut s’intégrer a un effort à faire ; la participation à la société qui accueille se mérité. »

Le passage par les contraires permet en retour d’interroger les contenus de l’inclusion. L’intégration pose le principe de la différence justifiant de la mise en place d’une limite qu’il s’agit de franchir ou de déplacer. L’inclusion au contraire pose le principe de l’absence de cette limite : les différences sont des caractéristiques individuelles sur un continuum (des anomalies aurait dit G Canguilhem) de similitudes qui ne constituent aucunement des normes.

L’intégration définit un « nous » avec des normes hors desquelles il y a des différences à réduire, à supprimer, de telle manière que l’individu qui n’est pas dans les normes se les approprie ou les rejoigne. L’inclusion part du principe que le milieu (inclusif) se construit avec les personnes qui y sont présentes, quelles que soient leurs caractéristiques.

Une classe A sans élève handicapé se construit comme milieu A, une classe B avec un ou des élèves handicapés se construit comme milieu B. Dans la pensée intégrative, il importe de définir préalablement ce qu’est la classe A, son identité en quelque sorte, à laquelle ne peuvent pas appartenir des élèves qui ne possèdent pas cette identité, sauf à s’intégrer en rejoignant cette identité. Dans la pensée inclusive, il n’y a nul besoin de définir préalablement ce qu’est la classe B, puisque qu’elle va se définir avec les élèves qui en feront partie, à partir des relations qui vont s’y établir entre tous les élèves, quelles que soient leurs caractéristiques et leurs singularités.

« Personne n’est plus autre qu’un autre » écrit aussi Y. Pillant : Dans ces conditions, chacun est en droit de prétendre à être présent dans une classe inclusive.

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