La photo de classe
La photo de classe est un moment important dans le processus
d’identité/identification d’un écolier ou d’un collégien. Aussi est-il curieux
et intéressant de voir comment les choses se passent lors de la
« cérémonie » de la photo de classe lorsqu’il y a une Unité localisée
pour l’inclusion scolaire (ULIS) dans un collège. Les élèves affectés à ce
dispositif ULIS auront-ils une photo collective de leur « classe/ULIS » ?
Ou bien au contraire poseront-ils avec les autres élèves, chacun dans sa classe
de référence ? La question n’est pas anodine au regard de la problématique
de l’inclusion scolaire et du positionnement de l’établissement scolaire sur la
scolarisation des élèves en situation de handicap.
La première situation, celle de la photo de classe des
élèves de l’ULIS, correspond à la notion et aux pratiques d’une ULIS/Classe, ce
dispositif classe manifestant un certain symbole de l’inclusion et de la
reconnaissance des ces élèves par l’établissement scolaires. C’est de cette
manière, dans un groupe classe, que les élèves sont censés trouver un certain
sens à leur place au collège. Et, remarque l’auteure, les réactions de ces
élèves face à la photo de leur classe sont similaires à celles des autres
élèves du collège face à la photo de leur classe.
La deuxième situation, celle de la photographie de chacun
des élèves de l’ULIS dans leur classe d’appartenance du collège, est plus
conforme aux orientations officielles, sur la notion d’école inclusive comme
sur la définition des fonctions d’une ULIS. Les élèves de l’ULIS sont des
élèves qui participent en principe aux parcours de scolarisation des élèves du
collège, dans une classe d’appartenance, leur regroupement en ULIS répondant à
des besoins éducatifs particuliers, l’ULIS devenant dispositif ressource, et
n’étant plus « classe ».
Mais ce qu’observe l’auteure, c’est que, lorsque ces élèves
rejoignent leur classe d’appartenance pour la photo, il ne se passe rien. Ils
sont accueillis dans l’indifférence générale des autres élèves et des
enseignants, ils n’établissement aucune relation, ils sont
« transparents ». L’inclusion est ici visiblement en
trompe-l’œil : il peut arriver à ces élèves d’être plus ou moins
fréquemment en classe dans leur classe d’appartenance, mais manifestement, leur
présence est indifférente, c’est comme s’ils n’étaient pas là (cette réaction
étant commune aux élèves et aux enseignants du collège).
Paradoxalement donc, la philosophie de l’inclusion serait
davantage respectée par un dispositif ségrégatif : la classe/ULIS
stigmatise d’une certaine manière la classe, mais les élèves s’y retrouvent
bien par ailleurs en termes de sociabilité collégienne. Et inversement, la
participation des élèves de l’ILIS aux diverses classes d’appartenance les
mettrait dans une insociabilité collégienne, faute de l’établissement d’un
minimum de relations avec les élèves et les enseignants du collège.
Ceci ne nous dit pas que le dispositif classe/ULIS est
meilleur que le dispositif inclusif dans les classes du collège. Mais seulement
que les pratiques et la philosophie inclusive est loin d’être assimilée par les
acteurs, élèves et enseignants. Ce ne sont donc pas les textes qui manquent (au
contraire, ils sont très nombreux), c’est l’implémentation sur le terrain de la
philosophie et des pratiques inclusives qui fait défaut, et qui mériterait des
efforts de formation, et aussi des moyens.
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