Malentendus, de Bertand LECLAIR,éditions Actes Sud, 2013
Il faut lire ce formidable roman pour comprendre et ressentir ce qu’étaient, ce que sont encore, les enjeux et la réalité de l’ce formidable roman pour comprendre et ressentir ce qu’étaient, ce que sont encore, les enjeux et la réalité de l’éducation des jeunes sourds. Ce roman est l’histoire de Julien, enfant sourd né dans les années 1960 dans une famille bourgeoise de province. Passée la sidération du diagnostic, l’histoire est celle d’une éducation oraliste forcenée.
Car le père de Julien, à l’instar d’un personnage qui fait son admiration, Alexander Graham Bell, laissant la mère de Julien dans sa culpabilité, est pris d’une fureur de réparer la surdité, de la nier, de la supprimer, en mettant en place une éducation oraliste extrême, même à cette époque : scolarisation dans son quartier (contre ces ghettos que représentaient les établissements spécialisés pour sourds), appareillage précoce, orthophonie dense à la maison, aménagement du domicile, leçons permanentes de langage oral, éloignement de tout signe ou de toute mimique, etc. Le père s’en est fait une fierté, de pouvoir surmonter à terme cette erreur du destin ou de la nature. Le roman traite admirablement de cette fureur de « Soigner la surdité et de faire taire les Sourds » comme l’écrit André Meynard (érès, 2010)
Jusqu’au moment où Julien
s’enfuit de chez lui, dans une rupture radicale, et dans la haine de son père,
sans donner de ses nouvelles. Pour rejoindre d’autres sourds, s’investir dans
cette communauté, et en devenir une référence. Mais aussi avec toutes les
blessures du passé, qui ressurgissent douloureusement à son retour dans la
maison familiale, bien plus tard, avec sa famille sourde et une interprète,
après la mort de son dernier parent.
Présentation par l’auteur sur
la quatrième de couverture : « La
vie de Julien exige d’être racontée, parce qu’elle est symptomatique, non
seulement de l’histoire terrible des sourds au XXe siècle, le pire
de tous, mais plus encore de la folie ordinaire des hommes, de leur capacité à
désintégrer l’humain, à maudire le vif du vivant, serait-ce avec les meilleures
intentions du monde, serait-ce au nom de l’amour des autres ou, en
l’occurrence, de l’amour d’un fils. »
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