Laetitia, ses difficultés, ses troubles ...
« Je rencontre,
il y a quelques années, les parents de la jeune Laetitia, presque 11 ans, en
CM1, et présentant des difficultés générales d’apprentissage scolaires, et
particulièrement dans l’apprentissage écrit, dans lequel les parents m’ont
présenté leur fille comme en échec total. A l’écoute des dires des parents,
Laetitia manifestait des « symptômes » identiques à ceux décrits dans les dysphasies
et les dyslexies. Elle avait redoublé le CP et elle était en cours de
diagnostic dans un centre référent du langage. Manifestement, Laetitia souffre
de sa situation à l’école, et les parents expriment une certaine méfiance à
l’égard des enseignants de l’école. Son enseignante de CM1, avec l’équipe
éducative, préconisait une orientation vers un enseignement spécialisé : soit
une CLIS accueillant des enfants présentant une déficience auditive ou des
troubles du langage, soit un dispositif délocalisé en école élémentaire d’une
Unité d’Enseignement (secteur médico-social) pour enfant présentant des
troubles du langage. Pour diverses raisons, (retard de diagnostic et retard de
constitution du dossier auprès de la Maison Départementale des Personnes Handicapées),
la notification d’orientation n’est pas prononcée suffisamment à temps pour la
rentrée suivante de septembre. Pendant ce temps, la famille déménage, et
inscrit Laetitia, en CM2, dans une nouvelle école, proche du nouveau domicile.
A travers cet exemple, peut-être exceptionnel, on voit que
la propension à attribuer la « situation de handicap » à la personne,
et avec comme conséquence l’attribution du statut de « handicapé »,
est encore prégnante. Cette propension amène à affecter les personnes de
pathologies, sans prendre en compte que les difficultés peuvent avoir pour
origine le rapport entre cette personne (qui peut bien sûr avoir des troubles,
une maladie, une déficience) et l’environnement qui l’accueille. Souvent
encore, et même davantage quand il s’agit des « troubles dys », on
préfère doter un enfant d’un trouble là où on constate des difficultés à
apprendre, sans s’interroger sur les façons de faire de l’école, des
enseignants, des méthodes de travail, etc. L’approche systémique tant citée est
bien loin d’être utilisée dans les pratiques de diagnostic et de réponses
institutionnelles.
Le texte ci-dessus est
extrait d’un de mes articles, publié dans la revue Empan, n°101, 2016/1 :
Les « dys » relèvent-ils d’une éducation spécialisée ? »,
p.29-34
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire