"Il chantera même la Marseillaise"
On pourrait croire qu’aujourd’hui, douze ans après la loi de
2005 qui instaure le droit d’utilisation de la langue des signes (enseignement
de la langue des signes et en langue des signes) pour les sourds, et vingt-cinq
ans après la première reconnaissance officielle de cette langue dans
l’éducation des sourds, cette langue aurait droit de cité, et qu’elle serait
utilisée à la mesure des besoins des jeunes sourds. Ce serait sans compter sans
la force de la volonté intégrationniste qui n’envisage la place des sourds dans
la société, leur participation sociale, que « guéris » de la maladie
de l’audition et réparés de leur mauvaise parole sonore, en faisant fi
justement de la langue des signes.
Hélène Hougounenq fait remarquer avec beaucoup de pertinence
que le choix du symbole de l’intégration à la société, la Marseillaise, n’est
pas anodin. C’est justement, des symboles de la nation, celui qui active
l’audition et la voix. Si ce symbole a retrouvé de la vigueur aujourd’hui dans
un contexte géopolitique qui présente quelque danger, il a été aussi le symbole
par excellence de l’intégration conçue comme une assimilation des peuples
colonisés à la nation française.
Et c’est sans doute bien dans cet impensé de l’assimilation
qu’il faut interpréter les propos de ce professionnel. Les principes de
citoyenneté, de participation sociale qui avec la loi de 2005 placent ces
droits dans une égalité, au moins formelle, entre les personnes qui ont un
trouble, une maladie ou une déficience et celles qui n’en ont pas. La loi ne
dispense bien évidemment pas de prothèses, de techniques compensatoires, de
rééducation ou de réadaptation, mais elle pose que la société doit s’adapter,
se rendre accessible à ces personnes quelle que soit leur situation de
handicap. On n’est pas obligé de chanter (vocalement) la Marseillaise pour être
citoyen !
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