« Ils n’ont rien à faire dans ma classe »
L’acceptation d’élèves en situation de handicap dans les
classes dites « ordinaires » n’est pas toujours facile, et on aurait
tendance attribuer cette difficulté aux caractéristiques des élèves en
question. Et il est des situations où c’est vrai : un élève extrêmement
violent (et sans aide humaine) ou un élève sourd (et sans accessibilité
langagière), etc. Mais il est de nombreux exemples où ce ne sont pas les
caractéristiques des élèves qui font obstacle, mais les caractéristiques d’enseignants
qui refusent ces élèves.
Dans un collège qui accueillait depuis plusieurs années des
élèves dysphasiques
De mon point de vue, et connaissant ces élèves, ayant
affaire à eux pour diverses situations, y compris des situations délicates
parfois, j’avais estimé, et j’estime toujours, qu’ils étaient tout à fait
capables de tirer profit d’une telle participation. Et que les enseignants
d’EPS, sans même beaucoup modifier leur pratique (si ce n’est peut-être
utiliser moins d’écrit avec eux), étaient tout à fait à même de contribuer à
une inclusion de qualité de ces élèves, qui pourraient ainsi gagner en
participation et en compétences sociales.
Un des enseignants d’EPS s’insurgea violemment contre une
telle initiative : « Ils n’ont rien à faire dans ma classe, je ne suis pas
compétent pour ces élèves, je n’ai pas la formation spécialisée, il leur faut
une classe et un enseignement spécialisés. Si la MDPH les met en établissement
spécialisé, ce n’est pas pour rien, ils ont des besoins auxquels je ne pourrai
pas répondre ».
Je n’ai toujours par compris de quels besoins il s’agissait,
concernant la relation humaine avec d’autres élèves et avec l’enseignant, ni
non plus concernant les gestes pédagogiques nécessaires spécifiquement pour ces
élèves dans les cours d’EPS.
J’ai mieux compris lorsqu’il a rajouté : « Et
d’ailleurs dans mes classes, il y en a pas mal qui seraient beaucoup mieux chez
vous [classe spécialisée de l’établissement médico-social] ». En réalité,
ce que refusait cet enseignant, c’étaient les élèves qui ne répondaient pas à
sa norme d’élèves de collège. Finalement, lui aussi s’était spécialisé :
spécialisé pour bons élèves (à la rigueur les moyens aussi). Mais les autres
(en difficultés, mauvais élèves, ou élève handicapés) n’y avaient pas leur
place.
Et son discours fut approuvé par les responsables du
collège ! Vous avez dit école inclusive ?
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