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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

mercredi 26 novembre 2025

inclusion et mixité sociale

 Inclusion et mixité sociale

Dans l’école française, la mixité sociale est en régression. Les notes de la DEEP (Education nationale) le mettent en évidence. Un rapport de la Cour des comptes (Mai 2025) le pointe également. La mixité sociale a pourtant toujours constitué, sous différentes formes, un enjeu de politique publique éducative (école pour tous, élitisme républicain, collège unique, zones prioritaires, …). Pour autant, le constat d’aujourd’hui est celui-ci : la mixité sociale a régressé. Peut-être faut-il y trouver une raison dans la coexistence, à côté des discours généraux de ces politiques éducatives, de décisions tout autant politiques qui n’ont pas donné, ou même ont enlevé les moyens de les mettre en œuvre : des moyens inégalement répartis avec des zones prioritaires laissées en déshérence, une réduction des moyens, le manque de formations des personnels enseignants et éducatifs, des encouragements à l’enseignement privé devenant de plus en plus ségrégatif, la « gentrification » et la ghettoïsation d’établissements, et plus globalement, le désengagement de l’Etat des missions de service public.…

Le déconsidération sociétale pour l’école (l’école n’est plus ce qu’elle était, on n’y apprend rien…), dont on trouve un indice dans la critique unilatérale des enseignants et des coûts de l’éducation nationale, va de pair avec des surinvestissements parentaux dans l’éducation dans une configuration de lutte des places. Tous les effets de ces choix « incohérents » par rapport à l’école se manifestent dans une moindre mixité sociale, en même temps que continue de fleurir le discours de mixité sociale, de citoyenneté, de vivre ensemble. Rien n’interdit dans ce contexte à un élu politique de clamer ces principes républicains pour l’école et dans le même temps refuser de financer des travaux de rénovation (il y pleut !) dans un lycée professionnel tout en dotant d’une généreuse subvention un lycée d’enseignement privé pourvus d’excellentes infrastructures et dérogeant manifestement à la mixité sociale.

Que signifient alors les incitations, les encouragements ou le volontarisme inclusif concernant les élèves handicapés, quand la régression de la mixité sociale sépare les enfants selon des catégories sociales ? Une institution ségrégative comme l’est l’école à l’égard de catégories sociales, basée sur refus implicite ou explicite de la mixité sociale, ne peut être que dans un discours compassionnel lorsqu’elle prétend accueillir des élèves handicapés, pas dans l’inclusion.

Et pourtant, malgré ces choix politiques et sociétaux de promotion de la ségrégation, les élèves sont davantage et mieux accueillis au sein de l’école, tout en étant loin du compte d’une école inclusive. Des enseignants inventent des modalités pédagogiques pour s’adapter aux caractéristiques des élèves. De nombreuses ressources numériques en ligne sont à leur disposition pour modifier leurs pratiques. Des applications numériques facilitent certains apprentissages. La conception universelle des apprentissages (de l’enseignement) commence à être connue. Des dispositifs sont mis en place dans les établissements scolaires, si ce n’est encore en classe, (ULIS, UEE, UEMA…). Encouragés par des textes officiels réaffirmant les valeurs de l’école inclusive !

Ces évolutions ne se font toutefois qu’au niveau du micro-environnement, au mieux du meso-environnement. Sans remise en cause des finalités réelles et du fonctionnement réel du système éducatif (ségrégation, reproduction sociale, sélection…) à travers objectifs, programmes et organisation. La perspective inclusive s’apparente dans ces conditions à un bricolage, qui améliore au mieux une situation locale.  Avec l’impression, pour les acteurs engagés, de se battre contre des moulins à vent, face à la quantité d’obstacles qui se dressent devant la mise en place de pratiques inclusives, qui sont installés par un système qui pratique des politiques ségrégatives sur le plan social. L’école sera inclusive pour les élèves en situation de handicap lorsqu’elle mettra en œuvre politiquement et pratiquement la mixité sociale.

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