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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

mardi 2 avril 2024

comment accueillir un élève handicapé dans sa classe ?

Comment accueillir un élève handicapé dans sa classe ?

Il est convenu d’affirmer que les enseignants doivent se former afin d’accueillir des élèves handicapés dans leur classe. Tout dépend de quelle manière. Il y a en définitive deux manières, ou postures, de formation ou d’auto-formation. La première consiste à prendre connaissance des caractéristiques de tel ou tel élève concerné, et de mettre en place des dispositifs qui lui conviendront. La seconde consiste à s’interroger plus globalement sur les dispositifs d’enseignement mis en place pour les rendre accessibles et adaptés à tous les élèves, dont spécifiquement celui concerné. Les deux postures n’ont pas du tout les mêmes enjeux, ni les mêmes principes éthiques.

La plus fréquente, la plus promue, la plus médiatisée aussi, est la première. De nombreux ouvrages, des conseils sur les réseaux sociaux, des exemples de réussite sur de nombreux cas individuels, prônent et cautionnent cette approche, du type « J’accueille un enfant TDAH dans ma classe », ou encore des formations spécifiques sur tel ou tel handicap comme par exemple des sensibilisations sur telle ou telle déficience. Les présupposé d’une telle posture sont nombreux.

Le premier postulat serait que pour enseigner à ces élèves, il faudrait en connaitre parfaitement les caractéristiques, et spécifiquement celles qui ne sont pas dans les normes (nature des troubles, des incapacités, des dysfonctionnements et les traitements spécifiques de ces caractéristiques). Le postulat miroir est que les autres élèves constituent une masse indifférenciée à laquelle s’adresse l’enseignement courant. Il faudrait en quelque sorte être un spécialiste (un enseignement spécialisé) de cette catégorie d’élève, à l’image (un peu) réduite que sont les spécialistes experts de ces troubles : médecins, paramédicaux, qui ne se privent d’ailleurs pas de donner les bonnes indications et conseils. Dans une telle approche, l’enseignant·e ne modifie en rien les dispositifs qu’ils destine aux autres élèves, « indifférenciés » (organisation, méthodes, relations, contenus…). Iel n’opère « d’aménagement » ou d’adaptation que pour un élève. Celui-ci parti, c’est le dispositif habituel et routinier qui reprend, non inclusif. Et comme la liste des handicaps est inépuisable, les enseignants vont devoir devenir des spécialistes de toutes les catégories. Perspective épuisante et décourageante !

Cette posture est en définitive l’héritière de l’approche traditionnelle individuelle bio-psycho-médicale, qui consiste à compenser les difficultés rencontrées par un élève en situation de handicap en raison de ses caractéristiques personnelles par quelques aménagements qui vont lui convenir, pour qu’il se rapproche de la norme, sans questionner l’environnement, c’est-à-dire les dispositifs pédagogiques mis en place dans la classe. Elle introduit de fait une discrimination radicale, entre l’indifférencié et le différencié, discrimination certes positive, mais qui singularise ce seul élève, le sépare des autres, au risque de la condescendance, de la pitié ou du rejet.

La seconde posture réfère à ce qui est qualifiée aujourd’hui de « conception universelle » des apprentissages ou de l’enseignement. Avec cette posture, il s’agit de prévoir, anticiper, concevoir les dispositifs (organisation, contenus, objectifs, démarches, méthodes, évaluations…) avant les séquences, afin de faire progresser, dans la mesure maximale du possible, tous les élèves, en minimisant au maximum les adaptations et dispositifs spéciaux et spécifiques. Ce qui est conçu en premier lieu, c’est ce qui va convenir et être accessible à tous, et pas seulement à un élève type (moyen). C’est de faire avec les caractéristiques de tous ceux qui composent la classe. Il ne s’agit pas d’appliquer des conseils d’experts pour une caractéristique, mais de refonder et de repenser la mission pédagogique pour inclure tous les élèves (ce qui exige une formation pédagogique approfondie, et non une spécialisation handicap). Le spécifique (compensation, aide humaine…) répond à ce que la conception universelle n’est pas en mesure de mettre en place. Là est véritablement l’école inclusive. 

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